Le traitement actuel d’une baisse de la fonction thyroïdienne chez les personnes âgées avec l'hormone de substitution lévothyroxine (Synthroid, Euthyral, Novothyral, Levothyrox, Euthyrox...) est inefficace pour diminuer les symptômes, selon une étude européenne publiée dans le The New England Journal of Medicine (NEJM).
Une baisse de la fonction thyroïdienne (hypothyroïdie infraclinique) peut toucher jusqu’à une personne âgée sur dix.
Selon les recommandations médicales actuelles, jusqu’à 9 femmes sur 10 avec cette condition se font prescrire la lévothyroxine. Le médicament était le plus prescrit aux États-Unis en 2015 (121 millions de prescriptions) et se situe en troisième place des prescriptions au Royaume-Uni.
Une étude de l'Université Johns Hopkins publiée en 2016 a indiqué que 15 % des Américains âgés prennent ce médicament, rapporte le New York Times.
David J. Stott de l'Université de Glasgow (Écosse) et des dizaines de collègues européens ont mené cette étude randomisée en double aveugle avec 737 personnes âgées de plus de 65 ans ayant une hypothyroïdie infraclinique persistante. La moitié a reçu un placebo et l'autre moitié a reçu le médicament. Elles ont été suivies pendant deux ans.
Le médicament restaurait une fonction thyroïdienne normale, mais n’améliorait pas les symptômes : force musculaire, vitesse de la pensée, poids ou pression artérielle...
Les chercheurs concluent qu’il y a maintenant assez de preuves scientifiques que les personnes âgées avec une hypothyroïdie infraclinique modérée ne tirent pas de bénéfice clinique d’un traitement de lévothyroxine.
« La majorité des gens prenant de la lévothyroxine ont une forme infraclinique de l’hypothyroïdie, c’est-à-dire qu’ils ont parfois des symptômes propres à la maladie sans qu’il soit néanmoins certain qu’ils soient forcément causés par elle
», a expliqué le Pr Nicolas Rodondi de l’Université de Berne, qui a dirigé l’étude en Suisse, au magazine Le Temps. « Il nous importait donc de savoir si ces personnes avaient un réel bénéfice d’un traitement par hormones thyroïdiennes de substitution
».
Le médicament ne devrait donc plus être prescrit de routine pour cette condition, concluent les chercheurs.
Il est toutefois « indispensable dans le cas d'une hypothyroïdie franche ou lors d'une ablation de la thyroïde
», souligne le Pr Rodondi.
La question va désormais aussi se poser pour les personnes plus jeunes, mentionne le Pr Rodondi en réponse aux questions du Temps.
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Psychomédia avec sources : Centre hospitalier universitaire vaudois, NEJM, New York Times, Le Temps.
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