Des chercheurs français, dont les travaux sont publiés dans la revue Nature, ont identifié un marqueur permettant de différencier les cellules dormantes infectées par le virus du sida, le VIH, des cellules saines.
Ces cellules réservoirs, en hébergeant silencieusement le virus, sont responsables de la persistance du virus même chez les personnes sous traitements antirétroviraux, dont la charge virale est indétectable.
Ces travaux, dans le cadre du programme « Réservoirs du VIH » de l’Agence nationale de recherches sur le sida et les hépatites virales (ANRS), sont issus d’une collaboration entre le CNRS, l’Inserm et plusieurs autres institutions.
« Depuis 1996, la communauté scientifique s’accorde à penser que la guérison du VIH passera par le ciblage des “cellules réservoirs” qui abritent le virus
» chez les personnes sous trithérapie.
« Le VIH, en latence, peut se cacher dans ces réservoirs pendant plusieurs dizaines d’années, échappant à la réponse immunitaire et aux traitements antirétroviraux, sans qu’aucune protéine virale ne soit exprimée. Mais en cas d’arrêt du traitement, le virus se multiplie massivement et la maladie progresse de nouveau. Les patients sont ainsi contraints à un traitement à vie. Pour envisager d’éliminer ce virus dormant, une première étape est de distinguer les cellules réservoirs infectées par le VIH de leurs cellules homologues saines, très ressemblantes.
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Benjamin Descours et Monsef Benkirane viennent, avec leurs collègues, d'identifier un marqueur des cellules réservoirs : une protéine présente uniquement à la surface des cellules infectées.
Ils ont d’abord comparé in vitro des cellules du système immunitaire lymphocytes T CD4 infectées et saines. L’infection par le VIH conduit à la réduction progressive du nombre de ces cellules. Leur nombre est ainsi utilisé par les médecins pour suivre la progression de la maladie et l’efficacité des traitements.
Ils ont remarqué une protéine spécifique, codée par un gène parmi la centaine exprimés (activés) spécifiquement par les cellules infectées.
« Présente uniquement à la surface des cellules infectées, la protéine CD32a remplissait dès lors in vitro les critères d’un marqueur de cellules réservoirs. Et les expérimentations sur échantillons cliniques l’ont confirmé. En étudiant des prélèvements de sang de 12 patients vivant avec le VIH et sous traitement, les chercheurs ont isolé les cellules exprimant le marqueur et ont constaté qu’elles étaient quasiment toutes porteuses du VIH. In vitro, l’activation de ces cellules a induit une production de virus capables de réinfecter des cellules saines tandis que leur élimination a provoqué un retard important de la production virale.
»
Cette découverte devrait à terme déboucher sur des stratégies thérapeutiques visant à éliminer le virus latent de l’organisme.
Un brevet, en propriété CNRS, a été déposé sur l’utilisation diagnostique et thérapeutique du marqueur identifié.
Psychomédia avec sources : Inserm, Nature.
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