Des chercheurs, dont les travaux sont publiés dans la revue PLOS Pathogens, ont identifié des marqueurs cellulaires pour cibler les réservoirs du virus du sida. Cette découverte, soulignent-ils, ouvre de nouvelles perspectives de traitement pour les éliminer et guérir peut-être un jour les personnes infectées par le virus.
Les réservoirs du VIH sont des cellules et des tissus dans lesquels le virus persiste, malgré les traitements de trithérapie qui empêchent l'évolution de l'infection vers le syndrome d'immunodéficience acquise (sida).
« Les médicaments antirétroviraux fonctionnent très bien
», explique Nicolas Chomont de l'Université de Montréal. « Généralement, la charge virale tombe à un niveau indétectable lors de tests sanguins à l'hôpital. Le problème, c'est que si la personne arrête la trithérapie, le virus revient très vite, parce qu'il était caché dans ces réservoirs.
»
« L'objectif de mon laboratoire est d'identifier les cellules dans lesquelles le virus se cache, pour les éliminer. Si on y arrive, les personnes infectées pourront éventuellement arrêter la trithérapie, qui n'est pas sans effets secondaires
».
Le VIH a besoin d'être hébergé dans une cellule pour vivre et se répliquer. « Il habite préférentiellement les lymphocytes T CD4+, un type de globules blancs dont le rôle est d'activer la défense du corps humain contre les infections. Mais trouver un réservoir du VIH, c'est comme chercher une aiguille dans une botte de foin. Au sein de la vaste population de lymphocytes T CD4+, il y a seulement une cellule réservoir sur un million de cellules.
»
L'équipe de Nicolas Chomont a démontré que les cellules qui hébergent le virus ont des caractéristiques immunologiques communes. Rémi Fromentin, coauteur, a identifié trois marqueurs cellulaires typiques des réservoirs : les protéines PD-1, LAG-3 et TIGIT.
Il existe déjà des médicaments anticancer, appelés immunomodulateurs, qui visent spécifiquement ces marqueurs. « On pense qu'on pourrait utiliser les mêmes médicaments pour détruire les réservoirs du VIH
», explique Rémi Fromentin.
Les chercheurs vont tester en laboratoire des anticorps qui s'accrochent spécifiquement à ces marqueurs. Puisque certains de ces médicaments sont déjà approuvés aux États-Unis et au Canada, ils pourraient assez rapidement être utilisés en clinique.
Les chercheurs poursuivent leurs travaux pour affiner leurs connaissances des caractéristiques des cellules qui hébergent ces réservoirs du VIH. Illustration : Le virus du sida se reproduisant dans un lymphocyte T.
Psychomédia avec source : CRCHUM.
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