Plusieurs syndromes de douleur chronique tels que la fibromyalgie, le syndrome de fatigue chronique (SFC) et le syndrome du côlon irritable (SCI) ne peuvent être expliqués par une cause organique persistante telle qu'une lésion ou une inflammation de tissus comme les muscles ou les articulations, ou de nerfs.
Dans certains de ces syndromes, lorsqu'une lésion et/ou une inflammation contribuent, ou ont contribué à la douleur, elles semblent ne pas pouvoir l'expliquer complètement.
Un phénomène de « sensibilisation centrale » a été proposé pour expliquer ces syndromes. Il s'agit d'une dérégulation du système nerveux central (cerveau et moelle épinière) qui provoque une hyperexcitabilité neuronale entraînant une amplification de la douleur et une hypersensibilité sensorielle.
La sensibilisation centrale est caractérisée par une allodynie (douleur provoquée par des stimuli ne causant normalement pas de douleur tels que le frôlement de vêtements) ; une hyperalgésie (douleur amplifiée en réponse à des stimuli normalement douloureux) ; une extension du champ réceptif (douleur s'étendant au-delà de la zone normale) ; et une douleur anormalement prolongée après le retrait d'un stimulus douloureux.
La présence d'une sensibilisation centrale a été démontrée dans différents syndromes de douleur chronique par des comparaisons des seuils de douleur à divers stimuli (électrique, pression, froid et chaleur) et par l'imagerie cérébrale lors de tests de douleur notamment.
Le terme « syndrome de sensibilité centrale » a été proposé par MB Yunus en 2000 pour regrouper ces syndromes dans lesquels la sensibilisation centrale joue un rôle. (TEST de dépistage des syndromes de sensibilité cérébrale)
Outre la fibromyalgie, le syndrome de fatigue chronique et le syndrome du côlon irritable, d'autres syndromes douloureux, souvent considérés comme des syndromes de douleur nociceptive (lésion ou inflammation de tissus) ou neuropathique (lésion de nerfs), peuvent aussi impliquer certains degrés de sensibilisation centrale : par exemple, le syndrome de la douleur myofasciale, le trouble de l'articulation temporo-mandibulaire, le syndrome du côlon irritable, la migraine et la céphalée de tension, le syndrome des jambes sans repos et la sensibilité chimique multiple, mentionnent Tom G. Mayer, Randy Neblett et leurs collègues (Pain Practice, 2012).
Les mécanismes centraux sont aussi susceptibles d'expliquer d'autres symptômes qui accompagnent souvent la douleur chronique tels que la fatigue.
L'Inventaire de sensibilisation centrale évalue 25 symptômes souvent associés aux syndromes de sensibilité centrale et recense les diagnostics médicaux déjà reçus au moyen d'une liste de 10 syndromes de sensibilité centrale et de conditions reliées. (Faites le test)
D'autres mécanismes que la sensibilisation ont également été associés aux « syndromes de sensibilité centrale ». Par exemple, un dysfonctionnement du système du stress, dont l'axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien.
Daniel J. Clauw et ses collègues (Clinical Journal of Pain, 2016) ont situé quelques syndromes de douleur chronique sur un continuum allant de la douleur chronique nociceptive à la douleur d'origine centrale en passant par la douleur neuropathique :
Kathleen A. Sluka et Daniel J. Clauw (Neuroscience, 2016) ont récemment décrit les données de recherche qui appuient un rôle important de mécanismes de sensibilisation centrale dans la fibromyalgie et des troubles apparentés. Cette sensibilisation expliquerait notamment les bénéfices de l'exercice, connu pour altérer la transmission de certains neurotransmetteurs. Des études récentes (2011-2013) ont toutefois commencé à explorer, rapportent-ils, des altérations du système nerveux périphérique qui contribueraient potentiellement à la douleur de la fibromyalgie. (Dans certains cas, la fibromyalgie serait plutôt une neuropathie parfois traitable, L'hypothèse d'une neuropathie des petites fibres se précise.)
Des chercheurs font valoir que le terme « syndrome de sensibilité centrale » devrait remplacer d'autres termes, qui ne devraient plus être utilisés, tels que « syndrome somatique fonctionnel », « syndrome médicalement inexpliqué
», « trouble somatoforme », « douleur psychogène » et « somatisation » parce qu'il est plus précis et exact (Yunus, Seminars in arthritis and rheumatism, 2008).
Pour plus d'informations, voyez les liens plus bas.
Psychomédia avec sources: Yunus MB (2008), Seminars in arthritis and rheumatism; Mayer TG and al. (2012), Pain Practice (2012); Daniel J. Clauw and al. (2016), Clinical Journal of Pain (2016).
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