Une étude publiée dans la revue Nature Medicine précise des mécanismes qui sous-tendent le syndrome de sevrage des médicaments antidouleur opioïdes. Un médicament déjà sur le marché agit sur ce mécanisme.
Les équipes de Tuan Trang et de Yves DeKoninck des universités de Calgary et Laval (Québec) ont, avec des collaborateurs des universités de Toronto et de Californie-Irvine, étudié les mécanismes du sevrage de la morphine et du fentanyl.
La morphine et les médicaments antidouleur opioïdes qui en sont dérivés ont trois répercussions indésirables, rappelle Yves DeKoninck :
-
une tolérance qui fait «
qu’il faut continuellement augmenter la dose pour obtenir un même effet contre la douleur
» ; -
le traitement prolongé «
provoque paradoxalement une augmentation de la sensibilité à la douleur qui, dans les cas extrêmes, fait en sorte qu’un effleurement déclenche des souffrances atroces
» ; -
un «
phénomène de sevrage dont les effets sont parfois pires que le problème initial pour lequel le médicament a été prescrit
».
Le sevrage provoque un ensemble de symptômes tels que : anxiété, irritabilité, humeur dépressive, maux de tête, écoulements nasaux, chair de poule, grelottements, bouffées de chaleur, spasmes et douleurs musculaires, vomissements, insomnie, hypertension et tachycardie.
La plus grande partie des recherches précédentes a porté sur les cellules nerveuses elles-mêmes, explique Tuan Trang. La présente étude a porté sur des cellules immunitaires clés du système nerveux, les cellules gliales.
Les expériences menées sur des souris ont montré le rôle important d'une protéine, la pannexine-1, dans le syndrome du sevrage.
Le probénécide (Bénémide, Benuryl), un médicament prescrit dans le traitement de la goutte, a un mode d’action qui consiste à bloquer la pannexine-1. Les chercheurs ont montré qu'il réduit les symptômes du sevrage chez les souris.
Il s'agit d'un virage important dans la façon de comprendre le sevrage, soulignent les chercheurs.
Un essai clinique pour tester le probénécide chez l'humain est en cours de préparation à l'Université de Calgary.
Trois types de douleur chronique
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Psychomédia avec sources : University of Calcary, Université Laval, Nature Medicine.
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