Lors de consultations médicales, les patients sont souvent invités à évaluer leur douleur sur une « échelle visuelle analogique » (EVA) qui se présente sous la forme d’une règle sur laquelle un curseur peut être déplacé d'une extrémité à l'autre.
La face arrière de la règle, destinée à l'évaluateur, présente une graduation de 0 à 10 (ou 0 à 100 mm).
Ou encore, le patient est invité à évaluer sa douleur sur une « échelle verbale » ou « échelle numérique » de 1 à 10. La forme visuelle a l'avantage de ne pas se prêter à la mémorisation, ce qui peut favoriser l'objectivité lors de mesures ultérieures.
Mais si deux patients évaluent leur douleur à 7 sur 10, il n'y a aucune garantie que ce chiffre signifie la même chose pour les deux. Le 7 d'une personne atteinte de fibromyalgie est probablement beaucoup plus intense dans un sens absolu qu'un 7 d'un jeune enfant en bonne santé qui vient de s'érafler un genou.
Différentes échelles fournissent des indications afin de réduire ce problème. Par exemple, une échelle utilisée par le Département de la Défense et des vétérans des États-Unis utilise une gradation verbale et des émoticônes pour faciliter l'utilisation de l'échelle numérique.
Linda M. Bartoshuk de l'Université de Floride et ses collègues ont développé une technique, dite de correspondance, pour mesurer l'intensité des expériences, y compris la douleur, avec plus de précision. Elle consiste à demander de comparer l'intensité d'un stimulus à celle d'un autre stimulus non relié. Par exemple, évaluer l'intensité de la douleur par rapport à l'intensité d'une lumière. Ainsi, des différences apparaissent : la personne fibromyalgique ayant une douleur intense, par exemple, pourrait maintenir son évaluation de 7, tandis que l'enfant pourrait fournir une cote de 3.
Un autre problème avec les échelles visuelles analogiques est l'effet de plafond. Un patient peut entrer à un hôpital en évaluant sa douleur à 10, par exemple, et ainsi ne pas avoir d'espace pour augmenter la cote si la douleur devient plus intense.
Dans des travaux connexes, Bartoshuk et ses collègues ont étudié l'efficacité de différentes échelles pour noter les expériences subjectives de différents types. Ils ont développé l'« Échelle de magnitude générale » (1) qui, en allant de la sensation « à peine détectable » à « la plus forte imaginable » capte bien les différences d'intensité des stimuli.
Dans une étude menée par Marlís González-Fernández de l'Université Johns Hopkins et ses collègues, 80 patients ont évalué leur douleur à 6,13 en moyenne avec l'EVA et à 4,35 avec l'Échelle de magnitude générale. Les chercheurs concluent que cette dernière a l'avantage de réduire l'effet de plafond, permettant ainsi de coter une amplification de la douleur.
(1) « General Labeled Magnitude Scale (gLMS) »
Psychomédia avec source : Association for Psychologial Science.
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