L’exposition pendant la grossesse à l'antibactérien triclosan et les parabènes, présents dans plusieurs cosmétiques et produits d'hygiène, pourrait perturber la croissance des garçons durant la grossesse et les premières années de vie, selon une étude internationale publiée dans la revue Epidemiology.
Des équipes de l'Inserm (Institut national français de la santé et de la recherche médicale) et des Centers for Disease Controls and Prevention américains ont mis en lien l'exposition des mères à des perturbateurs endocriniens de la famille des phénols et des mesures de croissances des nouveaux-nés.
Les composés étudiés étaient des parabènes (utilisés comme conservateurs dans les cosmétiques et produits de soin), le triclosan (un pesticide antibactérien retrouvé dans certains dentifrices et savons), la benzophénone-3 (utilisée dans les produits de protection solaire comme filtre anti ultra-violet), les dichlorophénols (dont les précurseurs entrent dans la composition de désodorisants d’intérieur) ainsi que le bisphénol A (utilisé, entre autres, pour la fabrication de plastiques de type polycarbonate (bouteilles plastiques, CD…) et des résines époxy (revêtement intérieur des boîtes de conserve, amalgames dentaires).
Des études expérimentales in vitro et chez l’animal ont mis en évidence que ces composés interagissent avec des systèmes hormonaux impliqués dans la croissance et le gain de poids, indiquent les chercheurs.
Rémy Slama, Claire Philippat et leurs collègues ont mené cette étude auprès de 520 petits garçons de la cohorte mère-enfant EDEN mise en place par l’Inserm et soutenue, pour ce projet, par l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail).
La croissance des enfants a été évaluée à l’aide des échographies pendant la grossesse ainsi que des mesures de poids et de tailles réalisées depuis la naissance jusqu’à l'âge de 3 ans. Un échantillon d’urine prélevé durant la grossesse a permis le dosage de biomarqueurs d’exposition aux phénols.
Les résultats montrent que plus de 95% des femmes enceintes étaient exposées à ces substances et que l’exposition à certains phénols pourrait perturber la croissance des petits garçons. En particulier, les niveaux de triclosan étaient négativement associés à la croissance mesurée à l’examen échographique du 3ième trimestre de la grossesse et les parabènes à une augmentation du poids à la naissance et à 3 ans, laquelle augmente le risque d’obésité plus tard durant l’enfance.
L’étude n’a pas identifié d’association entre les autres phénols et la croissance pré- et post-natale des garçons. Le bisphénol (BPA), du fait de sa très grande variabilité dans les urines, n’a pas été quantifié avec précision dans cette étude reposant sur un unique prélèvement urinaire par participante.
Les équipes vont maintenant s’attacher à répliquer ces résultats au sein d’une nouvelle cohorte couple-enfant pour laquelle de nombreux échantillons d’urine sont recueillis durant la grossesse et les premières années de vie de l’enfant. Cette approche permettra de limiter les erreurs de mesure de l’exposition et d’identifier de potentielles périodes de plus grande influence des phénols sur la croissance des enfants durant leur enfance. Les petites filles, dont la sensibilité aux phénols pourrait différer de celle des garçons, seront aussi considérées dans cette nouvelle cohorte.
Psychomédia avec source: Inserm
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