Des infections considérées aujourd'hui comme mineures risquent à nouveau de tuer si rien n'est fait globalement et de façon urgente pour lutter contre la résistance aux antibiotiques, avertit l'Organisation mondiale de la santé (OMS). L'usage inapproprié de ces médicaments a considérablement réduit leur efficacité en quelques décennies.
"Si nous ne prenons pas des mesures significatives pour mieux prévenir les infections mais aussi pour modifier la façon dont nous produisons, prescrivons et utilisons les antibiotiques (...) les conséquences seront dévastatrices", prévient le Dr Keiji Fukuda, sous-directeur général de l'OMS pour la sécurité sanitaire.
Le rapport met l'accent sur la résistance de 7 bactéries responsables de maladies graves courantes telles que les infections hématologiques (septicémie), les diarrhées, les pneumonies, les infections des voies urinaires et la gonorrhée (infection sexuellement transmissible).
La résistance aux antibiotiques "de dernier recours" utilisés contre certaines bactéries résistantes est particulièrement préoccupante, souligne le rapport.
La résistance aux carbapénèmes, par exemple, un traitement de dernier recours contre les infections potentiellement mortelles causées par une bactérie intestinale courante, la Klebsiella pneumoniae, s'est propagée à toutes les régions du monde. Cette bactérie est une cause majeure d’infections nosocomiales telles que la pneumonie, les infections hématologiques ou les infections contractées par les nouveau-nés et les patients des unités de soins intensifs.
Une forte résistance de la bactérie E. coli à deux antibiotiques essentiels et largement utilisés, les céphalosporines et les fluoroquinolones de troisième génération, a également été constatée. Dans les années 1980, lorsque les fluoroquinolones ont été introduits, la résistance était quasiment nulle. Aujourd'hui ils sont inefficaces dans plus de la moitié des cas dans de nombreuses régions du monde.
Autre exemple, les infections au staphylocoque doré (aureus) résistantes à la méthicilline atteignent 90% des cas dans certaines régions des Amériques et 60% dans certaines régions d'Europe.
L'usage inapproprié des antibiotiques est l'une des principales causes de résistance: dans les pays pauvres les doses administrées sont trop faibles et dans les pays riches leur utilisation est au contraire excessive. L'usage des antibiotiques chez les animaux destinés à la consommation est aussi en cause.
L'organisation recommande notamment la mise en place de systèmes de surveillance, la prévention des infections et la mise au point de nouveaux antibiotiques.
Psychomédia avec source: OMS.
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