À l’occasion de la Journée mondiale du sommeil, des spécialistes canadiens ont alerté contre le manque de sommeil chez les enfants et les adolescents, rapporte Le Devoir.
Le manque de sommeil peut affecter la santé autant physique que mentale, soulignent les 7 auteurs d'un rapport, intitulé Position Statement on Pediatric Sleep, appuyé par la Société canadienne du sommeil, le Collège des médecins de famille du Canada et l’Académie canadienne de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent.
Alors que la quantité optimale de sommeil requise chez les adolescents serait d’au moins 8 1/2 heures par nuit, plus de 70 % des ados dorment moins de sept heures. Une enquête de la Fondation nationale du sommeil des États-Unis a montré que 34 % des plus petits, 32 % des enfants d’âge préscolaire et 27 % de ceux d’âge scolaire dorment moins que ce que leurs parents croient nécessaire.
Un élément important qui contribue au manque de sommeil est la présence des appareils électroniques dans la chambre de l’enfant, a indiqué au Devoir la pédopsychologue Reut Gruber de l’Institut universitaire en santé mentale Douglas, première auteure de ce rapport.
L’utilisation de ces appareils avant le coucher rend l’endormissement plus difficile en raison de la stimulation apportée par leur contenu mais aussi de l’exposition à la lumière qui émane des écrans, laquelle inhibe la sécrétion de mélatonine (hormone du sommeil), ce qui contribue à désynchroniser les rythmes circadiens en retardant la phase de sommeil.
Un autre facteur qui contribue au manque de sommeil est le fait que les enfants sont très occupés. Ils participent à de multiples activités parascolaires dont plusieurs se terminent souvent tard le soir.
La psychologue conseille de consacrer une heure à une routine préparant au sommeil incluant le bain et des occupations tranquilles comme la lecture.
Le sommeil "joue un rôle essentiel dans la croissance, le développement, le métabolisme, la régulation du poids, les fonctions immunitaires, la santé cardiovasculaire, l’apprentissage, la mémoire, la santé émotionnelle et la prévention des blessures
", rappelle la chercheuse.
Une privation chronique de sommeil affecte énormément les fonctions cognitives et, de ce fait, les performances scolaires, soulignent les auteurs. "Quand on est fatigué, il devient plus difficile d’être attentif, de se concentrer, d’utiliser à fond nos fonctions exécutives, c’est-à-dire les fonctions qui aident les enfants à prendre les bonnes décisions, à planifier, à résoudre des problèmes et à utiliser leur mémoire de travail [le traitement et le maintien des informations à court terme], autant de fonctions qui interviennent dans la lecture et les mathématiques, et qui sont gouvernées en grande partie par le cortex préfrontal, une région du cerveau qui est très sensible à la privation de sommeil
", précise Mme Gruber. Le sommeil joue également un rôle important dans l’apprentissage et la mémoire.
"À l’école, les enfants reçoivent plein de nouvelles informations, qu’ils ne pourront utiliser que si elles s’inscrivent dans leur mémoire. Or, la consolidation de ces informations dans la mémoire s’effectue pendant que les enfants dorment. C’est la raison pour laquelle la privation de sommeil peut affecter les performances scolaires.
"
L’humeur est également grandement affectée par une carence en sommeil (en lien avec des effets sur divers circuits cérébraux). Le manque de sommeil peut aussi favoriser l’embonpoint et l’obésité en réduisant les niveaux de leptine, une hormone qui induit la sensation de satiété et le métabolisme des graisses, en élevant ceux de la ghreline, une hormone qui stimule l’appétit et en entraînant potentiellement une réduction de l'activité physique en raison de la fatigue.
Le sommeil accroît aussi les défenses immunitaires.
Psychomédia avec sources : Le Devoir, Position Statement on Pediatric Sleep.
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