Le documentaire de la réalisatrice Sylvie Chabas, Compléments alimentaires, une pilule qui passe mal, diffusé sur France 5, alerte sur les compléments alimentaires qui sont souvent inutiles ou nocifs. Plusieurs problématiques concernent ces produits.
D'abord, leurs allégations de santé. L'Europe vient de porter un grand coup en exigeant que ces dernières soient démontrées, ce qui a conduit à l'interdiction de 95 % d'entre elles. Mais les petits producteurs dénoncent un système qui favorise les grands industriels capables de financer des études scientifiques de 300 000 euros pour prouver les bienfaits d'un produit.
Ainsi, des produits traditionnellement reconnus pour leurs vertus ne pourraient bénéficier d'allégations, faute de moyens, alors que d'autres présentant des bénéfices plus discutables en bénéficieraient.
Ainsi, une reconnaissance ne signifie pas une absence d'effets secondaires potentiellement graves. Par exemple, le konjac, tubercule reconnu par l'Europe pour son action sur le cholestérol et la perte de poids, peut provoquer une occlusion intestinale à forte dose.
Plusieurs compléments présentent des risques connus, comme le rappelaient les auteurs d'une étude publiée en février dernier portant sur la consommation de compléments chez 80 000 participants de l'étude Nutrinet: par exemples, la bêta-carotène peut contribuer à activer des tumeurs latentes chez les fumeurs et plusieurs compléments peuvent interagir de façon indésirable avec certains médicaments, particulièrement ceux qui ont pour cible les systèmes nerveux ou cardio-vasculaire.
Une autre problématique est que, n'étant ni aliments ni médicaments, les compléments alimentaires ne sont contrôlés efficacement ni par l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation (Anses), ni par l'Agence du médicament (ANSM).
Ce qui ouvre la porte à des fraudes telles que celles constatées par Myriam Malet-Martino et Véronique Gilard de l'université Paul-Sabatier à Toulouse) : la moitié de 50 compléments alimentaires à visée amaigrissante dits naturels et 117 sur 165 aphrodisiaques et produits érectiles contenaient des médicaments.
Les premiers contiennent de la sibutramine ou de la phénolphtaléine, deux médicaments dangereux interdits sur le marché. Les compléments visant à rehausser la fonction sexuelle contiennent du sildénafil (principe actif du Viagra) autorisé seulement sur prescription médicale. (Nous avons à quelques reprises rapporté des mises en garde émises notamment par les autorités de santé américaine à ce sujet.)
L'étude Nutrinet montrait que 28% des femmes et 15% des hommes consomment des compléments alimentaires qui représentent un marché d'un milliard d'euros en France.
Documentaire sur France 5: Compléments alimentaires, une pilule qui passe mal
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