L'industrie vient, une fois de plus, d'échapper à une menace de déremboursement. Un amendement du député Yves Bur (UMP) visant à réduire le taux de remboursement des cures thermales de 65 % à 35 % a été adopté à une large majorité le 21 octobre par la commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale mais a finalement été retiré. L'amendement aurait permis à l'Assurance-maladie d'économiser 60 millions d'euros par année.
La réaction des villes thermales a été immédiate. Les 105 stations thermales accueillant quelque 500.000 curistes pour 18 jours de soins chaque année, font travailler des dizaines de milliers de personnes. Pour nombre de communes thermales, cette activité représente l'essentiel de leurs ressources.
Plus de 70 % de la fréquentation des cures thermales concerne la rhumatologie et les problèmes de voies respiratoires. Au total, le recours à une cure peut être envisagé dans 12 indications thérapeutiques.
Selon le Pr patrice Queneau, professeur de thérapeutique et membre de l'Académie de médecine, que rapporte le Figaro, les bénéfices du thermalisme (ou crénothérapie) sont déjà établis pour des maladies comme l'arthrose, les lombalgies ou les fibromyalgies.
Quant aux effets des cures pour les autres maladies chroniques, ils sont encore peu documentés. C'est le cas des pathologies respiratoires, tel que l'asthme, qui constituent 10 % des indications de cure. C'est le cas aussi en dermatologie, où le thermalisme concerne chaque année quelque 15000 patients souffrant principalement d'eczéma atopique ou de psoriasis.
Les recherches sur l'efficacité du thermalisme présentent des difficultés spécifiques. Son efficacité ne peut être évaluée avec la même méthodologie que les médicaments, méthodologie dans laquelle ni les patients ni les investigateurs ne savent quels participants prennent le médicament ou un placebo (méthode en double aveugle). La comparaison avec un placebo n'est pas possible avec le thermalisme, explique Dr Forestier du centre de recherche rhumatologique et thermal, Aix-les-Bains. Par ailleurs, il y a beaucoup de flou sur le contenu des traitements administrés en médecine thermale, relève Pr Maxime Dougados, chef du service de rhumatologie de l'hôpital Cochin (Paris).
Selon le Pr Christian-François Roques, président du conseil scientifique de l'Afreth, les efforts de recherche commencent à porter leurs fruits : on mesure les bénéfices des soins thermaux sur les douleurs, la qualité de vie et sur la consommation de médicaments.
Un essai positif concernant l'arthrose du genou est en voie de publication, et d'autres études sont en cours sur la surcharge pondérale, l'insuffisance veineuse… Les résultats sont attendus d'ici trois ou quatre ans.
Et, en début d'année, les premiers résultats bienvenus d'une étude scientifique ont été rendus publics. En collaboration avec le Pr Jean-Pierre Olié de l'hôpital Sainte-Anne, l'étude comparait, sur 237 patients, l'efficacité d'une cure thermale à visée psychosomatique au médicament antidépresseur paroxétine (Deroxat) pour le traitement de troubles anxieux. Elle a montré que la cure était plus efficace que le médicament (un taux d'amélioration de 50 % contre 35,6%). Cinq stations thermales proposent une orientation psychosomatique.
Il serait intéressant de comparer également l'efficacité de trois semaines de cure thermale pour les mêmes troubles anxieux à celle de trois semaines de vacances à la maison ou encore de trois semaines à la mer ou au sports d'hiver ... remboursées à 65%.
Illustration: scène de bain romaine
PsychoMédia avec sources: Touche pas à mes cures thermales, Sandrine Blanchard, Le Monde; L'efficacité des cures thermales à l'examen, Sandrine Cabut, Le Figaro.