À la 63e Assemblée de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), qui s'est achevée vendredi 21 mai, plusieurs thématiques, posant la question de la capacité de l'agence à définir des orientations de santé publique au profit de ses 193 États membres et celle de son indépendance face aux lobbies pharmaceutiques, ont soulevé des débats houleux. Les États membres ont obtenu dans plusieurs cas de reprendre le contrôle sur le choix des experts "pour s'assurer qu'il n'y ait plus de doute sur les conflits d'intérêts" (AFP).
Les pays latino-américains ont notamment rejeté un rapport sur les modes de financement de la recherche et développement sur les maladies négligées (maladies des pays pauvres). Ils protestaient contre le fait qu'après que la Fédération internationale des fabricants de médicaments (IFPMA) ait pu consulter une première version du rapport, aucune des propositions dérangeantes pour l'industrie - comme des mécanismes permettant de ne plus lier les prix des médicaments au coût de la recherche et développement- n'ait été retenue.
Les débats sur les produits médicaux contrefaits ont aussi été très houleux. Les pays du Sud craignent qu'une définition trop large de la contrefaçon, qui engloberait aussi des aspects concernant la propriété intellectuelle (respect des brevets sur les médicaments et contrefaçon de marque), entrave le commerce des médicaments génériques, vitaux pour les pays les plus pauvres, et profite ainsi aux grands groupes pharmaceutiques.
Le Brésil et l'Inde, producteurs de médicaments génériques, ont accusé l'OMS d'agir dans ce sens, demandant à la directrice Mme Margaret Chan de rompre un partenariat établi en 2006 entre l'agence onusienne et le Groupe international de lutte contre la contrefaçon de médicaments (Impact), sorte de task force qui, outre des responsables d'Interpol, des douanes, de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et de la Banque mondiale, comprend des représentants de l'industrie pharmaceutique.
Psychomédia avec sources:
Le Monde, Le Figaro (AFP)