Pour la 11e année consécutive, la revue Prescrire a publié, dans son numéro de décembre 2022, sa liste des « médicaments autorisés mais plus dangereux qu'utiles » qui sont « à écarter pour mieux soigner ».
Voici les médicaments psychiatriques qui font partie de cette liste 2023 de 107 médicaments.
Dépression
« Parmi les médicaments autorisés dans la dépression, certains exposent à plus de risques graves que d'autres, sans avoir de meilleure efficacité. Les médicaments de la dépression ont en général une efficacité modeste, souvent d'apparition lente. Le choix est plutôt à faire parmi des antidépresseurs dont on connaît le profil d'effets indésirables par un plus long recul d'utilisation.
»
L'agomélatine (Valdoxan ou autre), « d'efficacité non démontrée au-delà de celle d'un placebo, expose à des hépatites et des pancréatites, des suicides et des accès d'agressivité, des rhabdomyolyses, des atteintes cutanées graves (dont des syndromes de Stevens-Johnson)
».
Le citalopram (Seropram, Celexa ou autre) et l'escitalopram (Seroplex, Lexapro, Cipralex, Sipralexa), « des antidépresseurs inhibiteurs dits sélectifs de la recapture de la sérotonine (IRS), exposent à un surcroît d'allongements de l'intervalle QT de l'électrocardiogramme, de torsades de pointes et de morts subites par rapport à d'autres antidépresseurs IRS, ainsi qu'à des surdoses aux conséquences plus graves
».
La duloxétine (Cymbalta, Yentreve, Xeristar, AriClaim), le milnacipran (Milnacipran Arrow, Ixel, Savella) et la venlafaxine (Effexor LP ou autre), « des inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline, exposent aux effets indésirables des antidépresseurs IRS, et en plus à des troubles cardiaques liés à leur activité noradrénergique, dont des hypertensions artérielles, des tachycardies, des troubles du rythme cardiaque, des allongements de l'intervalle QT de l'électrocardiogramme et, pour la venlafaxine, à un risque élevé d'arrêts cardiaques en cas de surdose. La duloxétine expose aussi à des hépatites et à des réactions d'hypersensibilité avec des atteintes cutanées graves (dont des syndromes de Stevens-Johnson).
»
L'eskétamine (Spravato) en solution pour pulvérisation nasale, « a une efficacité très incertaine dans les dépressions dites résistantes et les dépressions avec risque suicidaire élevé. Ses effets indésirables neuropsychiques sont fréquents, dont des syndromes de dissociation. Un surcroît de risque suicidaire a été rapporté dans les semaines qui ont suivi le traitement. Des addictions et des détournements d'usage sont à prévoir. Dans chacune de ces situations cliniques difficiles, il est plus prudent de ne pas compter sur l'eskétamine et d'envisager d'autres options moins dangereuses, même si leur efficacité clinique est incertaine, par exemple : psychothérapie, parfois avec hospitalisation ; augmentation de la dose de l'antidépresseur ; changement de groupe pharmacologique d'antidépresseur.
»
La tianeptine (Stablon ou autre), « d'efficacité non démontrée au-delà de celle d'un placebo, expose à des hépatites, des atteintes cutanées graves, parfois mortelles, dont des éruptions bulleuses, et des toxicomanies
».
Anxiété
« L'étifoxine (Stresam), n'a pas d'efficacité démontrée au-delà de celle d'un placebo dans l'anxiété, et elle expose à des hépatites et à des réactions d'hypersensibilité graves, dont des syndromes d'hypersensibilité multiorganique (alias Dress), des syndromes de Stevens-Johnson et de Lyell. En France, elle n'est plus remboursable par la Sécurité sociale depuis fin 2021. Quand un anxiolytique est justifié, une benzodiazépine pour une durée la plus courte possible est un meilleur choix. Il est prudent d'envisager d'emblée avec le patient les conditions et les modalités d'arrêt du médicament afin de réduire les risques liés à un usage prolongé.
» (Stresam contre l'anxiété : pas d'efficacité, risques d'effets secondaires graves)
Troubles cognitifs
« Le Ginkgo biloba (Tanakan ou autre), utilisé dans les troubles cognitifs des patients âgés, n'a pas d'efficacité démontrée au-delà de celle d'un placebo, mais expose les patients à des hémorragies, des troubles digestifs ou cutanés, des convulsions, des réactions d'hypersensibilité, et peut-être des troubles du rythme cardiaque.
» (Ginkgo biloba : effets secondaires graves et interactions avec la lévothyroxine et autres)
« Le piracétam (Nootropyl ou autre), un “psychostimulant”, est autorisé dans diverses situations cliniques dont les vertiges, les déficits cognitifs et neurosensoriels des personnes âgées, la dyslexie chez les enfants, et les myoclonies d'origine corticale. Dans ces situations, le piracétam n'a pas d'efficacité clinique établie, mais il expose à des hémorragies, des nervosités, des agitations, des prises de poids. Dans les vertiges, les déficits cognitifs et neurosensoriels et la dyslexie, on ne connaît pas de médicament avec une balance bénéfices-risques favorable. Dans les myoclonies d'origine corticale, l'acide valproïque (Dépakine ou autre), et le clonazépam (Rivotril), deux antiépileptiques, sont des options.
»
Maladie d’Alzheimer
« Les médicaments de la maladie d’Alzheimer disponibles fin 2022 ont une efficacité minime et transitoire. Ils sont peu maniables en raison d’effets indésirables disproportionnés et exposent à de nombreuses interactions.
Aucun de ces médicaments n’a d’efficacité démontrée pour ralentir l’évolution vers la dépendance et ils exposent à des effets indésirables graves, parfois mortels. Or ils sont utilisés en traitement prolongé et impliqués dans des interactions dangereuses. L’important est de se concentrer sur l’aide à l’organisation du quotidien, le maintien l’activité, l’accompagnement et l’aide de l’entourage.
En France, chez les patients qui étaient exposés couramment à au moins un de ces médicaments, il n’y a pas eu plus d’actes de soins, ni plus de patients exposés à un psychotrope après l’arrêt de leur remboursement par la Sécurité sociale. »
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Le donépézil (Aricept ou autre), la galantamine (Reminyl ou autre), la rivastigmine (Exelon ou autre), des anticholinestérasiques, exposent à : des troubles digestifs dont des vomissements parfois graves ; des troubles neuropsychiques ; des troubles cardiaques, dont des troubles du rythme et de la conduction, des bradycardies, des malaises et des syncopes. Le donépézil expose aussi à des troubles sexuels compulsifs.
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«
La mémantine (Ebixa ou autre), un antagoniste des récepteurs NMDA du glutamate, expose à : des troubles neuropsychiques tels qu'hallucinations, confusions, sensations vertigineuses ou céphalées, conduisant parfois à des comportements violents, des convulsions, des troubles d'allure psychotique ; des insuffisances cardiaques, des bradyarythmies.
»
Sevrage tabagique
« La bupropione (Zyban), un amphétaminique autorisé dans le sevrage tabagique, n'est pas plus efficace que la nicotine et expose à des troubles neuropsychiques (dont des agressivités, des dépressions, des idées suicidaires), des réactions allergiques parfois graves (dont des angiœdèmes, des syndromes de Stevens-Johnson), des dépendances ; et des malformations cardiaques congénitales en cas d'exposition in utero. En aide médicamenteuse au sevrage tabagique, la nicotine est un meilleur choix, malgré ses limites.
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Les antidépresseurs font prendre du poids, confirme une grande étude
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Liste 2023 de 107 médicaments plus dangereux qu'utiles selon Prescrire
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Psychomédia avec source : Prescrire.
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