En France, 10 % des adultes ont souffert d’un épisode dépressif caractérisé (épisode de dépression majeure), au cours des douze derniers mois, rappellent les auteurs d'une étude publiée en octobre 2022 dans le Journal of Clinical Psychiatry.
« En cas d’épisode dépressif d’intensité modérée à sévère, ainsi que pour de nombreux troubles anxieux, comme le trouble panique ou l’anxiété généralisée, les antidépresseurs constituent le traitement médicamenteux de première ligne.
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« Mais seul un patient sur deux bénéficie du premier traitement antidépresseur prescrit.
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« Plusieurs stratégies médicamenteuses sont utilisées en cas d’échec de ce premier traitement, la plus fréquente étant de prescrire un autre antidépresseur à la place, ou en plus du premier.
» Il n'existe toutefois pas de consensus sur les meilleures options de deuxième intention.
Pour identifier ces options, Cédric Lemogne et ses collègues (1) de l’hôpital Hôtel-Dieu AP-HP, de l’Inserm et de l'Université Paris Cité ont analysé les données du Système national des données de santé (SNDS) couvrant plus de 80 % de la population française et celles de la Caisse nationale de l’Assurance Maladie (Cnam).
Ils ont identifié 1,2 million de personnes ayant reçu un antidépresseur pour la première fois en 2011, dont plus de 63 000 en ont ensuite reçu un deuxième. Le 2e antidépresseur était considéré comme ayant été jugé acceptable lorsque la prescription avait été renouvelée au moins deux fois.
Les résultats montrent que :
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Après un antidépresseur inhibiteur sélectif de la recapture de la sérotonine (ISRS) en première ligne, la prescription d'un autre ISRS en monothérapie était l’option la plus efficiente en seconde ligne.
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Après un antidépresseur alpha-2 bloqueur (2) ou d'un antidépresseur tricyclique, ajouter un autre antidépresseur en bithérapie était l’option la plus efficiente en seconde ligne.
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Enfin, après la prescription d'un inhibiteur de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline (IRSNA), il n’y avait pas de différence entre ces deux stratégies (monothérapie ou bithérapie).
De plus :
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L’option la plus efficiente en deuxième ligne était quasiment toujours l’escitalopram (Seroplex, Lexapro, Cipralex), alors que la venlafaxine (Effexor) était l’option la plus efficace en deuxième ligne après un traitement par escitalopram, suivie par sertraline (Zoloft) et fluoxétine (Prozac).
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Certains traitements de seconde ligne se sont avérés nettement moins efficients que l’option de référence. Par exemple, après un traitement en première ligne par venlafaxine (Effexor), un traitement en seconde ligne par tianeptine (Stablon) ou miansérine, bien qu’autant prescrits que la sertraline (Zoloft), était deux fois moins efficient.
« Cette étude suggère que tous les traitements antidépresseurs de seconde ligne ne se valent pas et qu'ils devraient être choisis en fonction du premier antidépresseur prescrit
», concluent les chercheurs.
« Aussi, cette étude ouvre la voie à l’utilisation des bases de données médico-administratives telles que le SDNS dans l’évaluation, non seulement de l’efficience des traitements antidépresseurs, mais également d’autres médicaments, aussi bien dans leur indication première que comme candidats à un repositionnement.
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Pour plus d'informations sur le traitement de la dépression, voyez les liens plus bas.
(1) Charles Ouazana-Vedrines, Thomas Lesuffleur, Pierre Denis, Nicolas Hoertel, Romain Olekhnovitch, Mark Olfson, Carlos Blanco, Frédéric Limosin, Antoine Rachas, Philippe Tuppin.
(2) Ces antidépresseurs font partie des antidépresseurs dits sérotoninergiques et noadrénergiques spécifiques (ASNA). La mirtazapine (Remeron, Norset...) et la miansérine appartiennent à cette classe.
Psychomédia avec sources : APHP, Journal of Clinical Psychiatry.
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