L'exposition à de bonnes odeurs pendant le sommeil entraînerait une amélioration spectaculaire de la mémoire, selon une étude publiée en juillet 2023 dans Frontiers in Neuroscience.
« Le sens olfactif a la particularité d'être directement connecté aux circuits de la mémoire du cerveau
», explique le communiqué des chercheurs. « Tous les autres sens passent d'abord par le thalamus.
»
L'odorat est le seul sens qui ne « dort pas », expliquaient les auteurs d'une étude portant sur l'effet des odeurs sur les rêves en 2008. « L'information continue d'atteindre le système limbique du cerveau qui inclut l'hippocampe, la région concernée par la mémoire et l'amygdale qui est impliquée dans la réponse émotive. Les autres sens doivent passer à travers la “barrière” du thalamus qui est inactif durant le sommeil.
»
Michael Yassa, professeur de neurobiologie à l'University of California - Irvine, et ses collègues ont mené cette étude avec des personnes âgées de 60 à 85 ans sans troubles de la mémoire. Elles ont reçu un diffuseur et sept cartouches, contenant chacune une huile naturelle différente : rose, orange, eucalyptus, citron, menthe poivrée, romarin et lavande.
La moitié des participants ont reçu des cartouches pleines et l'autre moitié, constituant un groupe de comparaison, ont reçu les huiles en très petites quantités. Les participants plaçaient une cartouche différente dans leur diffuseur chaque soir avant d'aller se coucher, et celui-ci s'activait pendant deux heures durant leur sommeil.
Les participants qui ont été exposés aux odeurs ont connu une amélioration de 226 % de leur mémoire mesurée par un test de liste de mots comparativement au groupe de comparaison.
L'imagerie cérébrale a montré une meilleure intégrité du circuit cérébral appelé fascicule unciné gauche. Cette voie, qui relie le lobe temporal médian au cortex préfrontal décisionnel, perd de sa robustesse avec l'âge.
Les participants ont également indiqué qu'ils dormaient mieux.
« Cette découverte transforme le lien connu depuis longtemps entre l'odorat et la mémoire en une technique facile et non invasive pour renforcer la mémoire et potentiellement prévenir la démence
», soulignent les chercheurs.
Il est connu, rapportent le communiqué des chercheurs, que la perte de la capacité olfactive est liée au développement de près de 70 maladies neurologiques et psychiatriques. Il s'agit notamment de la maladie d'Alzheimer et d'autres démences, de la maladie de Parkinson, de la schizophrénie et de l'alcoolisme. Des données émergent également quant au lien entre la perte d'odorat due au COVID et une diminution des facultés cognitives qui s'ensuit. Des chercheurs ont déjà constaté qu'en exposant des personnes atteintes de démence modérée à 40 odeurs différentes deux fois par jour pendant un certain temps, leur mémoire et leurs capacités linguistiques étaient stimulées, la dépression était atténuée et les capacités olfactives améliorées. (La perte de l'odorat, symptôme précurseur de la maladie d'Alzheimer ?)
« La réalité est qu'au-delà de 60 ans, le sens olfactif et la cognition commencent à décliner
», explique Michael Leon, professeur de neurobiologie, coauteur.
Les chercheurs prévoient étudier l'impact de la technique avec des personnes ayant reçu un diagnostic de perte cognitive. Ils espèrent également que cette découverte conduira à d'autres recherches sur les thérapies olfactives pour les troubles de la mémoire.
Un produit basé sur cette étude et conçu pour être utilisé à la maison devrait être mis sur le marché cet automne, mentionnent les chercheurs. L'étude a été soutenue par Procter & Gamble.
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Psychomédia avec sources : University of California - Irvine, Frontiers in Neuroscience.
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