La rêverie inadaptée (« maladaptive daydreaming ») pourrait représenter un meilleur diagnostic que le trouble de déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) pour certaines personnes, selon une étude publiée en mars 2022 dans le Journal of Clinical Psychology.
La rêverie diurne inadaptée, ou compulsive, est une condition dans laquelle les gens s'engagent dans des rêveries très détaillées et réalistes qui peuvent durer des heures au détriment du fonctionnement normal.
Elle n'est pas reconnue comme un syndrome psychiatrique formel. Nirit Soffer-Dudek du Département de psychologie de l'Université Ben-Gurion de Néguev (Israël), l'un des plus grands experts de cette condition, espère qu'elle sera ajoutée à la prochaine édition du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (1), ce qui favorisait les recherches rigoureuses sur le sujet.
« Certaines personnes qui deviennent dépendantes de leurs rêveries fantaisistes éprouvent de grandes difficultés à se concentrer et à focaliser leur attention sur des tâches scolaires et professionnelles, mais elles trouvent qu'un diagnostic de TDAH et le plan de traitement qui s'en suit ne les aident pas nécessairement
», explique le chercheur.
Des études précédentes ont observé des niveaux élevés de TDAH chez les personnes présentant une rêverie diurne inadaptée, soulevant ainsi la question de savoir si celle-ci est distincte du TDAH.
Soffer-Dudek et Nitzan Theodor-Katz ont, avec leurs collègues (1), évalué 83 personnes ayant un diagnostic de TDAH pour des symptômes d'inattention et de rêverie diurne inadaptée. La dépression, la solitude et l'estime de soi étaient aussi évalués.
Parmi ces participants, environ 20 % répondaient aux critères de diagnostic proposés pour la rêverie diurne inadaptée, avec des taux significativement plus élevés de dépression et de solitude ainsi que d'estime de soi réduite, par rapport aux personnes atteintes de TDAH qui ne répondaient pas aux critères de la rêverie diurne inadaptée.
« Nos résultats suggèrent qu'il existe un sous-groupe de personnes diagnostiquées avec le TDAH qui bénéficieraient davantage d'un diagnostic de rêverie diurne inadaptée
», conclut Soffer-Dudek.
Pour plus d'informations, voyez les liens plus bas.
(1) Eli Somer et Rinatya Maaravi Hesseg de l'Université de Haïfa.
(1) DSM-5, 5e édition du « Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders », American Psychiatric Association, 2013. Traduction française : Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, Masson, 2015. La première édition du DSM a été publiée en 1952.
Psychomédia avec sources : Ben-Gurion University of the Negev, Journal of Clinical Psychology.
Tous droits réservés.