Après le succès de « Happycratie » (Premier Parallèle, 2018), la sociologue israélienne Eva Illouz lance un ouvrage collectif, « Les Marchandises émotionnelles : L'authenticité au temps du capitalisme » (Premier Parallèle, 7 février 2019).
L'ouvrage montre comment les nouvelles « marchandises émotionnelles » (« emodity »), produites par des industries aussi diverses que celles du tourisme, de la musique, du cinéma ou des psychothérapies, visent à transformer et améliorer le moi.
« Il met ainsi le doigt sur une caractéristique majeure de nos sociétés, interrogeant avec profondeur – en se gardant de tout jugement – l’authenticité de l’individu moderne
», décrit la 4e de couverture.
« Exemples à l'appui », Illouz « décrit les processus par lesquels les émotions ont été non seulement associées à des produits de consommation mais fusionnées avec eux au point de devenir elles-mêmes des marchandises et que nous ne sachions plus distinguer nos sentiments authentiques de ceux qui sont simulés
», rapporte BibliObs.
« Les éléments empiriques ici collectés pourraient s’intégrer à merveille dans les effrayants tableaux d’un Michel Houellebecq », estime le philosophe Axel Honneth qui signe l'interface.
« Happycratie : Comment l'industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies », écrit en collaboration avec le psychologue Edgar Cabanas, fustigeait notamment le courant de la psychologie positive (dont le psychologue Martin Seligman est considéré l'initiateur) qui aurait pour conséquence (voire pour objectif) de culpabiliser les individus et conforter le néolibéralisme.
« Et si la dite science du bonheur élargissait le champ de la consommation à notre intériorité, faisant des émotions des marchandises comme les autres ?
», pouvait-on lire en 4e de couverture.
Son précédent livre publié en France était « Pourquoi l’amour fait mal » (2012, Seuil). La culpabilisation et la responsabilisation individuelle à outrance seraient aussi à l’œuvre dans le domaine amoureux, résumait Libération en août 2018.
Dans une entrevue, rapportait le journal, Eva Illouz expliquait que son fil directeur, à travers ses travaux, a été de « mettre de la sociologie là où domine la psychologie.
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Les émotions reflètent les normes, les hiérarchies, les codes moraux. J’essaie de m’opposer au fait de ne se penser, soi, qu’en termes psychologiques. Ce que l’on appelle la psyché et les émotions sont faites de bric-à-brac social.»
Psychomédia avec sources : Premier Parralèle, BibliObs, Libération.
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