Une étude, publiée dans la revue Biological Psychiatry rapporte la réduction immédiate de la peur chez des volontaires ayant une phobie des araignées après une exposition de 2 minutes combinée à une dose unique d'un traitement pharmacologique couramment utilisé.
Les thérapies comportementales typiques pour la phobie nécessitent de nombreuses sessions pour produire l'effet désiré, soulignent les chercheurs.
Marieke Soeter et Merel Kindt, du Département de psychologie clinique de l'Université d'Amsterdam, ont cherché à s'appuyer sur la notion de « reconsolidation », développée il y a 15 ans par le Dr Joseph LeDoux.
Avec son équipe, il a découvert que l'administration d'une drogue lors de l'activation d'un souvenir terrifiant induisait une amnésie de ce souvenir. Mais cette amnésie n'a été démontrée de façon convaincante que pour des peurs créées en laboratoire.
Soeter et Kindt ont mené cette étude avec 45 volontaires ayant peur des araignées qui ont été assignés au hasard à recevoir une dose unique de propranolol (noms commerciaux : Adrexan, Avlocardyl, Hemipralon, Indéral, Sthasin, Syprol…), un bêta-bloquant utilisé pour le traitement de l'hypertension artérielle et les maladies cardiaques, ou un placebo après une brève exposition à une tarentule.
Ceux qui ont reçu du propranolol avaient beaucoup moins de comportements d'évitement et plus de comportements d'approche. Cet effet a persisté pendant un an.
« Ici, nous montrons pour la première fois qu'un médicament amnésique donné en même temps que la réactivation de la mémoire transforme un comportement d'évitement en comportement d'approche chez les personnes ayant une réelle peur des araignées
», résume Kindt.
« Actuellement, les patients souffrant de troubles anxieux et de stress post-traumatique reçoivent plusieurs séances de thérapie cognitivo-comportementale (par ex. thérapie de désensibilisation, ndlr) ou des doses quotidiennes de médicaments et obtiennent une baisse progressive (et souvent temporaire) des symptômes
», ajoute-t-elle. « L'intervention révolutionnaire proposée implique une seule brève intervention qui mène à une perte soudaine, importante et durable de la peur
».
Il est toutefois nécessaire de poursuivre les recherches afin de rendre cette thérapie plus largement disponible et traiter des phobies plus graves, soulignent les chercheuses.
Le propranolol agit sur une région du cerveau, l'amygdale, impliquée dans les émotions et la peur.
Psychomédia avec sources : Elsevier, Biological Psychiatry.
Tous droits réservés