Les pharmaciens belges ne remplissent pas leur devoir de conseil adéquatement, selon une enquête de l'association de consommateurs Test-Achats dans laquelle 51 pharmaciens ont été visités à deux reprises par des enquêteurs anonymes. Trois pharmaciens sur 5 ne signalaient pas aux consommateurs les interactions médicamenteuses.
Lors de leur première visite, les enquêteurs présentaient une prescription de l'anticoagulant Marcoumar (phenprocoumone) et demandaient une boîte d’aspirine en sus. Les deux médicaments ont un effet anticoagulant, ce qui peut entraîner des hémorragies internes. Lors de leur deuxième visite, ils remettaient une ordonnance de pilules contraceptives Deso-20 tout en demandant du millepertuis. Ce dernier peut affaiblir l'action de la pilule, pouvant entraîner des règles intermittentes, voire une grossesse.
Treize pharmaciens seulement ont noté les interactions dans les deux cas. Seuls huit d'entre eux ont fait ce que leur impose la loi : refuser de délivrer les médicaments ensemble et proposer une autre solution. La moitié des pharmaciens n’ont posé aucune question dans les 2 scénarios alors qu'ils devraient s'assurer que les deux médicaments ne sont pas destinées à la même personne.
"Une telle nonchalance est totalement inacceptable étant donné les risques réels qu'elle induit pour le patient
", estime Test-Achats. Depuis avril 2010, les pharmaciens reçoivent une indemnité supplémentaire, intégralement à la charge de l’INAMI, pour assurer l’accompagnement de la première délivrance d’un médicament, rappelle l'association. Les pharmaciens l’empochent sans que le consommateur bénéficie d’un encadrement digne de ce nom, conclut-elle.
Dans les dernières années, Test-Achats a évalué à quelques reprises le travail des pharmaciens et chaque fois, indique-t-elle, les résultats ont été plutôt désastreux:
- Médicaments anti-diarrhées pour les bébés: seuls 14 des 101 pharmaciens posaient les 3 questions essentielles lors de la délivrance;
- Pilule amaigrissante Alli: sur 38 pharmaciens, 17 délivraient Alli à des consommateurs ne rencontrant pas les critères;
- Préparations magistrales: seulement 11 pharmaciens sur 40 délivraient une préparation correcte;
- Prescription en dénomination commune: seuls 16 des 148 pharmaciens vendaient le médicament le moins cher.
Psychomédia avec source: Test Achats. Tous droits réservés.