Bruno Toussaint, directeur éditorial de la revue Prescrire, a salué les annonces du ministre de la Santé, Xavier Bertrand, pour une réforme du système d'évaluation et de contrôle du médicament. Les mesures annoncées, qui s'appuient sur les conclusions de différents rapports dont celui de l'Igas, feront l'objet d'un projet de loi déposé au plus tard début août.
Il s'est félicité, lors d'un point de presse organisé vendredi, du fait que la réforme, "recoupe une grande partie des recommandations" de Prescrire. Les mesures annoncées doivent cependant être complétées et appliquées.
Parmi les mesures annoncées:
- l'octroi d'une autorisation de mise sur le marché (AMM) et du remboursement d'un médicament dépendront désormais de sa "valeur ajoutée thérapeutique" par rapport aux médicaments de référence, s'ils existent;
- un médicament aux effets indésirables importants devra être rapidement retiré du marché puisque "le doute doit bénéficier au patient";
- les laboratoires devront faire état de toute convention passée avec les médecins, associations, sociétés savantes et presse spécialisée;
- création d'un portail public du médicament, regroupant toutes les informations scientifiques et médicales dont disposeront l'ANSM, la Haute Autorité de Santé et de l'Assurance maladie.
- la proposition de l'IGAS d'abolir la profession de visiteurs médicaux auprès des médecins n'a pas été retenue; le ministre tente de définir un rôle modifié pour ces visiteurs (des rencontres de groupe avec les médecins plutôt qu'individuelles) et propose notamment d'interdire les contacts entre labos et étudiants en médecin.
Des points essentiels ne figurent toutefois pas dans les mesures annoncées, selon Bruno Toussaint:
- le développement d'une évaluation clinique des médicaments principalement financée par les pouvoirs publics car, "il n'est pas cohérent de laisser les firmes fournir l'essentiel des données d'évaluation clinique de leurs médicaments : cela les place dans un conflit d'intérêts majeur". Et, "ce financement par les firmes entretient de nombreux liens d'intérêts entre elles et les experts";
- un accès du public aux données d'évaluation clinique et de pharmacovigilance, indispensable pour la transparence des décisions et la possibilité d'expertises en dehors des agences officielles;
- une évolution du métier et de la rémunération des pharmaciens d'officine, "leur permettant d'assurer vraiment leur mission de soignant professionnel du médicament, bien placé dans le circuit des soins pour éviter de nombreux effets indésirables des médicaments";
- un enseignement aux médecins et une formation continue totalement indépendants de l'industrie pharmaceutique.
L'UFC-Que Choisir a également accueilli «avec satisfaction» les annonces du ministre tout en réitérant la nécessité de «mettre un terme au bombardement promotionnel des laboratoires» au moyen des visiteurs médicaux. L’association veut « un réel contrepoids » à ces derniers.
De son côté, Irène Frachon, auteure du livre «Médiator 150mg, combien de morts?», s'est déclarée "impressionnée par l'ampleur des réformes" annoncées par le ministre. " (...) il me semble que ce que j'ai vécu dans mon enquête sur le Mediator ne pourrait plus se dérouler de cette façon-là. Donc, de mon point de vue de praticien de base, j'y vois une amélioration franche, importante de la sécurité".
Psychomédia avec sources: Le Monde, Le Point, UFC Que Choisir, Slate (Jean-Yves Nau), Le Figaro, Libération.
Tous droits réservés