Être bilingue retarde l'apparition des symptômes de la maladie d'Alzheimer, selon une étude publiée dans la revue Neurology.
Ellen Bialystok et Fergus Craik, chercheurs en psychologie à l'Université York (Toronto, Canada), ont mené cette étude avec 211 personnes atteintes de la maladie dont 102 étaient bilingues et 107 unilingues.
Parler deux langues retardait l'apparition des symptômes de 4 à 5 ans. L'effet était plus important chez les personnes qui ont utilisé deux langues quotidiennement pendant plusieurs années.
Être bilingue améliore la performance du cerveau, en particulier celle de l'une des régions les plus importantes, considérée comme le système de contrôle exécutif, a expliqué la chercheuse au congrès de l'American Association for the Advancement of Science à Washington. Les personnes bilingues doivent alterner entre deux codes, ce qui implique une négociation mentale. Ce système exécutif se détériore avec l'âge mais, à chaque étape de la vie, il fonctionne mieux chez les personnes bilingues, ont constaté les chercheurs.
Le bilinguisme, exigeant cognitivement, contribue à une réserve de capacité cognitive de la même façon que d'autres activités stimulantes intellectuellement et socialement, considère Bialystok. (Une étude publiée en 2010 dans la revue Neurology montrait que, chez les personnes actives intellectuellement, les symptômes de la maladie apparaissent plus tardivement mais évoluent ensuite plus rapidement.)
Le fait de parler une deuxième langue a un effet plus marqué pour retarder l'apparition de la maladie d'Alzheimer que n'importe quel médicament actuellement utilisé pour contrôler la maladie, a commenté la chercheuse. On ne s'en étonnera guère, puisque, comme plusieurs experts l'ont mentionné récemment en France, les médicaments anti-alzheimer seraient inefficaces.
En 2007, des travaux de la même équipe avaient déjà montré une apparition des symptômes de la maladie à 75.7 ans en moyenne chez les personnes bilingues et à 71.4 ans chez les personnes unilingues.
Par ailleurs, une autre étude, présentée au congrès par la psychologue Judith Kroll de l'Université Penn State, montre que les personnes bilingues sont plus performantes pour faire du multitâche.
Psychomédia avec sources:
Independant, The Guardian
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