Le roman best-seller Cinquante nuances de Grey perpétue le problème de la violence envers les femmes, estiment des psychologues dans une analyse publiée dans le Journal of Women’s Health.
La saga, en trois volumes, s'est écoulée en un temps record à 70 millions d'exemplaires et a valu à l'auteure britannique, Erika Leonard James, alias E. L. James, de décrocher le titre d'auteure la mieux payée au monde en 2012, rapportent les médias cette semaine.
Amy Bonomi de l'Université d'État du Michigan et ses collègues (1) ont analysé le roman à la lumière des définitions données par les US Centers for Disease Control and Prevention (CDC) de la violence conjugale et des réactions qui surviennent chez les femmes qui en sont victimes.
L'abus psychologique et sexuel est omniprésent dans le roman, survenant dans presque chaque interaction, et le personnage féminin, Anastasia, subit un préjudice, exposent les chercheuses. "Le livre perpétue des normes d'abus dangereuses et pourtant il a été lancé comme un livre romantique et érotique pour les femmes
."
Anastasia souffre de réactions compatibles avec celles des femmes victimes de violence, décrivent les auteures. Elle éprouve un sentiment constant de menace et de perte de sa propre identité, cache ses intentions de rencontrer sa famille et ses amis et évite les sorties sociales afin d'éviter la colère de Christian, elle devient désemparée et piégée dans la relation alors que ses comportements deviennent mécanisés en réponse aux schémas abusifs de Christian.
Contrairement à des relations sexuelles saines qui sont consensuelles et dans lesquelles les négociations sont prises au sérieux et les limites de chacun sont respectées, Anastasia est intimidée et contrainte. Elle ne participe pas pour son propre agrément mais parce qu'elle essaie de garder l'homme, renforçant un message très répandu dans la société.
Les chercheuses espèrent que leur étude va favoriser une discussion sur le livre qui dépasse le niveau habituel se limitant à le présenter comme une lecture légère pour l'été. Le succès du livre est une bonne occasion, estiment-elles, pour rehausser la conscience sociale de ce qu'est l'abus.
Environ 25 % des femmes sont victimes de violence commis par des partenaires intimes, rappellent-elles.
(1) Lauren Altenburger et Nicole Walton de l'Université d'Éatat de l'Ohio.
Psychomédia avec sources: Michigan State University, Los Angeles Times. Tous droits réservés