Les directeurs de santé publique des 18 régions du Québec ont exprimé dans une lettre ouverte au Ministre du Développement économique, de l’Innovation et de l’Exportation, leur préoccupation concernant les conséquences pour la santé de la présence et de l’usage accrus de l’amiante chrysotile au Québec.
Ce, dans le contexte où ce ministère procède à l’étude d’une demande de garantie de prêt de 58 millions de dollars pour relancer l'exploitation de la mine Jeffrey d'Asbestos.
À la lumière de données provenant de l'Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), les signataires questionnent la faisabilité de l’usage dit « sécuritaire » de l’amiante qui est mis de l’avant au Québec et prévoient que la présence et l’usage accrus d’amiante chrysotile au Québec entraîneront une augmentation des cancers chez les travailleurs et dans la population en général.
Contrairement à des situations de proximité souvent jugées indésirables par la population avoisinante, soulignent les directeurs, celle qui voisine le site de la mine Jeffrey juge la balance positive. Toutefois, lorsqu’on s’éloigne du site, les avantages cèdent le pas aux inconvénients pour un plus grand nombre de personnes, évaluent les signataires.
Les directeurs de la santé publique ajoutent ainsi leur voix à d'autres dont celle de la CSN qui a annoncé le mois dernier avoir révisé sa position de 1997 et décidé de ne pas appuyer de nouveaux projets d’expansion des mines d’amiante québécoises, rejoignant ainsi plusieurs grandes organisations syndicales canadiennes et internationales. Dans une étude publiée en septembre 2006, rappelait la centrale syndicale, l'OMS a estimé qu’au moins 90 000 personnes dans le monde mourraient chaque année d’une maladie professionnelle causée par une exposition à l’amiante. L’OMS recommande le bannissement de l’amiante.
Parmi d'autres voix, la revue médicale The Lancet a, en décembre dernier, critiqué de façon très virulente les gouvernements québécois et canadiens. Elle condamnait l'«exportation immorale de la mort et des maladies reliées à l'usage de l'amiante dans les pays les plus vulnérables du globe». Dans un article intitulé Le Canada accusé d'hypocrisie concernant ses exportations d'amiante, la revue soulignait que le pays exporte le minerai dans des nations en développement, même s'il en retire les fibres de ses propres édifices à grand frais. Si le projet de la mine Jeffrey va de l'avant, elle exportera 200 000 tonnes d'amiante par année en Asie, où la demande pour le minerai cancérigène est en forte croissance.
Psychomédia avec sources : Directeurs de la santé publique, CSN, Le Devoir, Cyberpresse, Radio-Canada.
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