Dans une lettre adressée le 7 janvier au Collège des médecins du Québec, une cinquantaine de médecins et scientifiques réclament l'intervention de ce dernier dans le dossier de la relance de l'industrie de l'amiante au Québec. Le gouvernement prévoit accorder une garantie de 58 millions $ pour ouvrir une nouvelle mine d'amiante afin d'en augmenter l'exportation.
Les signataires estiment que le Collège doit prendre position dans ce débat au nom de son mandat de protection de la santé publique. Les signataires estiment que l'organisme ne peut plus ignorer «le travail de désinformation du gouvernement à propos des risques à la santé que pose l'amiante».
Ils critiquent l'éthique du Dr Yves Bolduc, «comme ministre et médecin», dont ils disent qu'il a abdiqué ses responsabilités après avoir été invité à les assumer par des «dizaines de médecins de l'étranger et du Québec, lui rappelant ses obligations». En juin dernier, 35 médecins de 19 pays lui avaient écrit, avec copie conforme au Collège des médecins, pour lui demander de s'impliquer dans ce dossier.
Son ministère et le gouvernement sont accusés «d'aveuglement volontaire» pour avoir rejeté les avis scientifiques de «nombreuses organisations médicales québécoises nationales et internationales, au profit d'intérêts économiques et politiques», créant ainsi un «dangereux précédent pour toute question de santé publique au Québec».
Les médecins citent une recherche réalisée par plusieurs agences de santé publique du Québec en 2007, qui avait conclu que «dans les rares milieux de travail où l'amiante chrysotile continue d'être utilisé au Québec, les taux d'échec des pratiques dites d'utilisation sécuritaire sont de 100 %».
L'industrie affirme de son côté qu'il est possible d'envisager des usages sécuritaires de l'amiante à condition qu'ils soient encadrés par des normes et des services d'inspection. Ce qui n'est pas à la portée des pays pauvres où ce produit bon marché va échouer, font valoir les opposants. Plus de 100 000 travailleurs par an, rappellent les signataires, meurent des effets de l'amiante.
En décembre dernier, la revue médicale The Lancet "ajoutait sa voix au concert de critiques qui pleuvent sur Québec et Ottawa dans le dossier de l'amiante" rapportait Le Devoir. Elle condamnait l'«exportation immorale de la mort et des maladies reliées à l'usage de l'amiante dans les pays les plus vulnérables du globe».
Psychomédia avec sources:
Le Devoir, Radio-Canada
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