Des chercheurs allemands ont analysé les études portant sur le lien entre la tendance à réprimer les émotions négatives et la santé. Leurs résultats sont publiés dans la revue Health Psychology.
Le style répressif d'adaptation ("repressive coping style") a été défini comme un style de réactions très défensif mais peu anxieux aux situations aversives, qui contraste avec un style peu défensif et peu anxieux ou un style très anxieux et très défensif.
Des études ont montré que les personnes répressives seraient physiologiquement très réactives au stress (rythme cardiaque, etc.) tout en rapportant peu détresse. Les répressifs ne seraient pas en mesure de reconnaître leur propres réponses affectives et seraient susceptibles d'utiliser une variété de stratégies pour éviter cette connaissance consciente ou leurs "véritables réactions". (1)
Les psychologues Marcus Mund et Kristen Mitte de l'Université Friedrich-Schiller (Jena) ont réalisé une méta-analyse de 22 études, incluant un total de 6775 participants, qui comparaient la proportion de personnes ayant un style répressif dans des groupes de malades et des groupes de personnes en santé. Les maladies étudiées étaient le cancer, les maladies cardiovasculaires et l'asthme.
Selon les analyses, les personnes répressives avaient un risque 60% plus élevé d'hypertension. Elles étaient 40% plus susceptibles d'avoir un cancer mais le lien ayant été mesuré après la survenue de la maladie, il ne peut être considéré comme prédictif de celle-ci. Les résultats ne montrent pas de risque plus élevé pour les maladies cardiovasculaires et l'asthme.
Des résultats finalement peu concluants, l'hypertension étant normalement liée au stress.
Les théories sur le lien entre les styles de réaction au stress et la santé semblent passablement contradictoires.
Alors que les théories traditionnelles du "coping" (adaptation au stress) mettaient l'accent sur la valeur d'être conscient des émotions négatives et de les exprimer suite à des événements traumatiques, des études montrent que le coping répressif pourrait favoriser la résilience et être lié à moins de symptômes psychopathologiques et de problèmes de santé.
Par ailleurs, des études ont suggéré que la flexibilité psychologique qui consiste à être conscient de ses émotions négatives (contrairement à ce qui se passe dans la répression) sans en être trop perturbé serait favorable pour la santé mentale et physique.
À suivre…
(1) La répression est une concept différent de la suppression qui est considéré comme un processus conscient. Le DSM-IV définit la suppression comme un mécanisme de défense dans lequel la personne évite intentionnellement de penser à des problèmes, désirs, émotions ou expériences perturbants.
Psychomédia avec sources: Research Gate, Journal of Personality et Social Psychology tous droits réservés