Le shenjing shuairuo (« faiblesse du système nerveux » en chinois mandarin) figure parmi neuf exemples de « concepts culturels de détresse
», bien étudiés et connus, décrits par le DSM-5, la 5e édition du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (1).
Ces « concepts culturels de détresse » sont des syndromes, des idiomes (moyens d'expression) et/ou des explications causales appartenant spécifiquement à une culture donnée. Il y a rarement de correspondance, un à un, entre ces concepts culturels et les entités diagnostiques du DSM-5 ou de la classification des troubles mentaux de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), la CIM-10.
Le syndrome Shenjing shuairuo est l'un des syndromes spécifiques à la culture chinoise les plus connus.
La deuxième édition (1984) de la Classification chinoise des troubles mentaux (CCMD-2-R) définit le Shenjing shuairuo comme un syndrome composé de trois des cinq groupes de symptômes non hiérarchiques suivants :
- faiblesse (ex., fatigue mentale),
- émotions (ex., sentiment de vexation),
- excitation (ex., augmentation des souvenirs),
- douleur nerveuse (ex., maux de tête),
- sommeil (ex., insomnie).
Nao Fan (se sentir vexé) est une forme d'irritabilité mélangée avec une inquiétude et une détresse concernant des pensées contradictoires et des désirs inassouvis.
La troisième édition de la classification, la CCMD-3, a conservé le Shenjing shuairuo comme un diagnostic d'exclusion (un diagnostic posé lorsque les autres possibilités ont été éliminées).
Les précipitants habituels du syndrome incluent les stresseurs liés au travail ou à la famille, l'humiliation (mianzi, lianzi), et un sens aigu de l'échec (par exemple, dans le rendement scolaire).
Le shenjing shuairuo est lié à des concepts traditionnels de faiblesse (xu) et de déséquilibres de santé liés à des carences d'une essence vitale (par exemple, l'épuisement du qi [énergie vitale] suivant un surmenage ou la stagnation du qi en raison de l'inquiétude excessive).
Dans l'interprétation traditionnelle, le shenjing shuairuo se produit lorsque les canaux corporels (jing) de transport des forces vitales (Shen) deviennent dérégulés en raison de divers stresseurs sociaux et interpersonnels, tels que l'incapacité à changer une situation chroniquement frustrante et pénible.
Divers troubles psychiatriques sont associés au shenjing shuairuo, notamment des troubles de l'humeur, de l'anxiété et de symptômes somatiques. Dans les cliniques médicales en Chine, cependant, jusqu'à 45 % des patients atteints de shenjing shuairuo ne répondent pas aux critères d'un trouble du DSM-IV (1994).
Les conditions connexes dans d'autres contextes culturels :
Des idiomes (expressions propres à une culture) et syndromes du spectre de la neurasthénie sont présents en Inde (ashaktapanna) et au Japon (Shinkei-suijaku) notamment.
(1) DSM-5, Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (« Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders »), publié par l'American Psychiatric Association en 2013.
Psychomédia avec source : DSM-5.
Tous droits réservés