Les médecins généralistes français sont nombreux à ne pas suivre les recommandations en vigueur, notamment celles de la Haute Autorité de Santé (HAS), en ce qui a trait à la prescription de médicaments pour le traitement de la dépression, selon une étude réalisée par la Drees à la demande du ministère de la Santé.
Dans un cas fictif de dépression qui leur a été présenté, notamment, 66 % des médecins prescrivaient des antidépresseurs, et ce, même en cas de dépression peu sévère (61 %), alors que plusieurs études récentes (ayant été largement médiatisées) ont clairement montré que les antidépresseurs ne sont pas efficaces pour le traitement des dépressions légères.
Parmi les médecins qui déclarent proposer un traitement médicamenteux dans ce cas fictif, la coprescription d’un antidépresseur et d’un anxiolytique ou d’un hypnotique est la stratégie la plus fréquemment choisie (57 % et 7 sur 10 dans le cas d'une dépression sévère).
Or, si la coprescription d’antidépresseurs et d’anxiolytiques ou d'hypnotiques est admise dans les recommandations en début de traitement, pour une durée limitée en présence de symptômes d’anxiété, d’agitation ou de troubles du sommeil marqués, dans les cas fictifs soumis, de tels symptômes n’étaient pas décrits (dans les cas sévères comme non sévères).
Près d’un médecin interrogé sur cinq prescrit uniquement un anxiolytique ou un hypnotique, davantage quand la dépression est peu sévère (23 %) que lorsqu’elle est sévère (14 %). Or les médicaments anxiolytiques ou hypnotiques prescrits de manière isolée n’ont pas d’autorisation de mise sur le marché dans le traitement de la dépression.
Seuls 4 % choisissent de recommander une psychothérapie seule (autre que la psychothérapie de soutien) en cas de dépression légère (pour laquelle elle est particulièrement recommandée) et 3 % en cas de dépression sévère. Par contre, parmi les médecins qui prescrivent un traitement médicamenteux, 47 % proposent une psychothérapie en complément.
Un quart des médecins recommande une thérapie cognitivo-comportementale (TCC) et plus d’un sur dix une thérapie d’orientation psychanalytique. Mais la grande majorité (58 %) laissent le libre choix du type de psychothérapie.
Les médecins soulignent plusieurs freins à la prescription de la psychothérapie. Le plus fréquemment cité est le non remboursement des consultations avec un psychologue ou un psychothérapeute non médecin. Les préjugés limitent aussi la prescription de psychothérapie, les deux tiers des médecins déclarant que les psychothérapies conviennent davantage aux malades ayant un niveau d’éducation élevé. Enfin, l’accès aux spécialistes, comme les psychiatres, posent aussi problème: 79 % des généralistes jugent les délais d’obtention de rendez-vous trop longs.
Rapport de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees): La prise en charge de la dépression en médecine générale de ville
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