Le baclofène (Lioresal et ses génériques Aguettant, Whinthrop…), qui serait prescrit en France, hors de l'autorisation de mise sur le marché, à 30.000 à 50.000 buveurs excessifs, fait l'objet d'études cliniques en vue d'une demande d'autorisation pour le traitement de la dépendance à l'alcool.
Le baclofène est un relaxant musculaire autorisé depuis 1975 pour le traitement des contractures musculaires involontaires (spasticité) d'origine cérébrale ou survenant au cours de maladies neurologiques telles que la sclérose en plaques. Il est devenu populaire pour le traitement de l'alcoolisme depuis la parution en 2008 du livre "Le dernier verre
" du cardiologue Olivier Ameisen qui y racontait que ce médicament avait supprimé son envie de boire.
C'est en raison d'une analogie structurale avec le neurotransmetteur GABA, dont le rôle serait important dans les addictions, que le médicament pourrait être efficace contre l’alcoolo-dépendance.
Un premier essai préliminaire, conduit par le Pr Philippe Jaury (Université Paris Descartes), dont les résultats sont parus en mars dans la revue Alcohol & Alcoholism, a ouvert la voie aux études Alpadir (hospitalier) et Bacloville (en ville).
L'essai Alpadir (financé par la société pharmaceutique française Ethypharm), mené par le Pr Michel Reynaud (hôpital Paul Brousse, Villejuif), doit débuter sous peu. Il comparera, chez 320 personnes, le médicament donné à une dose élevée (180 mg/en 3 prises par jour) à un placebo pour le maintien de l'abstinence. La dose quotidienne efficace est en moyenne de 120 à 140 mg alors que pour les contractures musculaires, elle se situe entre 30 et 75 mg.
Le taux de réussite attendu est de 50%, précise le chercheur, (comparativement à 20% - 25% après un an avec les deux médicaments principalement utilisés actuellement, la naltrexone (noms commerciaux : ReVia, Depade, Nalorex, Vivitrol) et l'acamprosate (Aotal ou Campral), a déjà précisé le Pr Jaury.
Quant à l'essai Bacloville (financé par la Sécu et un mécène), lancé par le Pr Jaury fin mai, il ne se limite pas à mesurer l'abstinence mais aussi un retour à une consommation dite normale.
En juin 2011, l'Afssaps mettait en garde contre des effets secondaires potentiellement sérieux, certaines contre-indications et certaines interactions médicamenteuses possibles.
Présentation des deux essais sur le site de l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM): Baclofène et traitement de l’alcoolo-dépendance : l’ANSM autorise deux essais cliniques - Point d'information
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