Bonjour,
Je voudrais apporter mon témoignage sur la dépression. Oui,aprés des années (sûrement plus de 20 ans), je dois me rendre à une évidence:je vis une dépression profonde et l'année dernière j'ai craqué.Ce furent 4 mois d'hospitalisation en 2002. Je suis hors du circuit du travail depuis 10 mois et j'en ai encore pour plusieurs mois sans travailler. Heureusement que je vis dans un pays (la Belgique) où le systême de sécurité sociale permet quand même un minimum de bien-être et une sécurité financière. Je ne crève pas de faim,je vis dans ma maison dont je continue à rembourser le prêt hypothécaire. C'est déjà un soucis de moins. Surtout si on a une famille à charge.
Ma dépression date depuis de longues années,je vais bientôt avoir 51 ans.Avec les thérapies que je suis,je commence à comprendre que cela remonte à mon adolescence.Et que j'ai tout fait pour le cacher, surtout à moi-même. J'ai sombré dans l'alcoolisme,j'ai déjà fait 5 cures de désintoxication alcoolique, et sûrement que je devrai en refaire une 6e dans un hôpital. Pour le moment je fréquente un centre de post-cure,mais je reconsomme de l'alcool. Je me fous des cuites pas possibles,j'en arrive à boire en 3-4 heures deux bouteilles de vodka. J'ai aussi fait fait deux tentatives de suicide, ce qui m'a valu un lavage d'estomac dont j'ai un très mauvais souvenir et le deuxième fois j'ai eu droit à la camisole de force pendant 15 heures (j'ai essayé de m'enfuir de l'hôpital en arrachant tous les baxters qu'on m'avait mis,par malchance 4 infirmiers m'ont sauté dessus parce qu'ils m'avaient vu, j'ai eu beau me battre comme un diable, puis un des 4 infirmiers a réussi à me faire une injection de je ne sais quel produit,ce qui m'a calmé en quelques minutes). J'en ai pas gardé un beau souvenir. Et cette idée me hante. Je commence aussi à comprendre que ma dépression m'a entraîné dans l'alcoolisme et celui-ci n'a fait que renforcer ma dépression,je suis tombé dans le parfait cycle infernal. J'en ai pris conscience grâce aux psychiâtres, psychologues,psychothérapeutes que je vois régulièrement. Mais,à ce jour je me sens toujours comme dans un trou à rats dont je ne parviens pas à m'en sortir. Jamais je n'ai pensé que la dépression était ma maladie,ou plutôt j'ai tout fait pour le nier.J'ai bientôt 51 ans,et il y 7 ans,une évidence a dû être acceptée:je suis gay.Pendant des années je l'ai aussi refusé,je ne voulais pas l'assumer.Pendant mon adolescence je n'ai eu que des relations avec des garçons.Puis mon pére en fouillant dans mes affaires a trouvé les lettres de l'amant que j'avais à 20 ans.Le résultat:j'ai reçu à presque 21 ans une raclée de mon père, à tel point que ma mère a dû intervenir et calmer mon pére. Puis à 23 ans je me suis marié parce qu'un psy m'avait dit: marie-toi,cela te passera. J'ai cru ce discours qui est archifaux. Je rentrais dans la "normalité". C'était il y a 30 ans. L'homosexualité n'est pas une maladie, mais il m'a fallu des années pour l'admettre et l'accepter.Quant à la dépression et l'alcoolisme, ça ce sont des maladies.Pendant des années j'ai toujours cru que c'était des tares.Mais j'ai encore parfois du mal à l'accepter.Pourtant j'essaye de réagir, je vais partout où je peux trouver de l'aide.Je veux croire qu'un jour je me sentirai bien dans ma peau, sans traîner un éternel fardeau. Je voudrais bien retrouver une vie"normale". Je remarque un mépris de la part de beaucoup de monde par rapport aux maladies dites psychiques.Et ça fait mal quand un être cher dit:aye un peu de volonté, souffre en silence (un homme ça ne pleure pas) et arrête ton cinéma. Comme si la volonté manquait, elle est inopérante tout simplement.
Voilà mon témoignage, je pourrais en dire plus.Mais je m'arrête sinon ce serait trop long.
Merci de me lire.
Alaind