La vie rouge et noire
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J'ai 20 ans et diagnostiquée borderline. Je souffre de cette maladie depuis l'âge de 15 ans mais elle n'a été diagnostiquée que depuis l'année dernière. A l'âge de 7 ans j'ai eu un purpura rhumatoïde. Pendant 2 ans j'ai eu l'interdiction formelle de marcher. De ce fait, je suis devenue la chouchou de la famille, mes parents me comblaient de cadeaux et de caresses pour me faire oublier mes fréquents séjours à l'hôpital. Je suis devenue une enfant gâtée, à mon grand malheur. Car depuis cet épisode je suis devenue capricieuse et tyrannique. Si quelque chose ne me convient pas, je tape une crise, et c'est toujours le cas aujourd'hui. Je suis le petit chef de la maison.
Une fois guérie, je suis entrée au collège. Cela faisait plusieurs années que je n'avais pas cotoyé des enfants de mon âge, le retour à la réalité fut rude. En effet je vivais dans le monde que je m'étais créé. Je suis vite devenue le souffre-douleur de mes petits camarades, peut-être parce que j'étais faible et que je ne comprenais pas leur réaction. Dans mon monde, tout était si rose! J'étais une élève studieuse et calme avec mes petites jupes plissées. Une fois arrivée au lycée, j'ai décidé de prendre les choses en main, je voulais devenir une jeune fille comme les autres. Premières cigarettes, joints et alcool. Mais pendant cette métamorphose je me sentais toujours torturée: une petite voix criait en moi que ce n'était pas la bonne voie et qu'il fallait rester une petite fille modèle. J'avais l'impression d'avoir deux personnalités. De plus je trouvais ma vie inintéressante alos je mentais, je disais que ma mère était morte pour que les autres aient pitié de moi. Je me disais que s'ils avaient pitié de moi, ils m'aimeraient forcèment et me cajoleraient. J'avais tellement besoin de réconfort! Quand ma mère a appris mes frasques d'adolescente, elle n'a pas reconnu sa fille si sage et m'a emmené chez un psychologue. Elle ne comprenait pas pourquoi j'avais changé si vite, et de plus je montrais déjà des troubles de l'humeur. Mais les consultations n'ont rien amené et je continué dans des désordres de plus en plus significatifs. A 17 ans j'étais une hippie, une artiste, mais je me sentais mal. Je pensais toujours à mon existence de petite fille modèle. C'est à 18 ans que la maladie s'est vraiment manifestée: crises de larmes, d'angoisse, impression de devenir folle avec cette double pêrsonnalité, je passais du rire aux larmes en moins de 5 minutes! A la suite d'une déception amoureuse, j'ai décidé de consulter. Au début je ne prenais pas cette thérapie sérieusement, c'était juste pour me rassurer. Et mon docteur m'a annoncé que je faisais une dépression. J'ai beaucoup pleuré, je ne le croyais pas. La rentrée est arrivée et je suis partie faire mes études à Lille, loin de mes parents. Je ne prenais pas mes cachets régulièrement et m'enfonçais encore plus dans la dépression. Alors j'ai commencé à boire, je n'allais plus en cours, je ne voyais plus personne. J'étais seule avec ma bouteille et mon chagrin. Quelques mois ont suffi à me rendre alcoolique, il ma fallait tous les jours ma bouteille. Et un jour, une heure avant mes partielles, j'ai eu la plus grosse crise d'angoisse que j'avais faite: bouffée de chaleur, tachychardie et l'impression de ne plus pouvoir respirer. J'ai appelé ma mère, elle est tout de suite venue me chercher avec mon père sur le campus. Je leur annonçais alors ce qui me rongeait depuis des mois : l'alcoolisme. Dans la voiture elle me donna un lexomyl pour me calmer. Profitant d'un moment d'inattention, j'ai pris toute la boîte. Première tentative de suicide. Je ne voulais plus retourner à la faculté, ça me rappelait trop de mauvais souvenir. Alors je suis restée seule au domicile parental pendant 6 mois à peu près. Je buvais toujours, en cachette de mes parents. C'est là que j'ai commencé à m'automutiler. J'avais l'impression que le sang qui coulait était le poison qui renfermait toute ma douleur et ça me faisait du bien. Au mois du juin, une vieille amie qui habite dans le sud est venue me rendre visite et c'est grâce à elle que je me suis sortie de l'enfer de l'alcool. Mais c'est aussi à cette époque que mon psychiatre m'a annoncé que j'étais borderline. J'ai fait deux tentatives de suicide à deux jours d'intervalle. Je n'acceptais pas ce diagnostic car ce que j'avais lu sur les borderline était assez inquiétant: fragilité à vie, calme vers l'âge de 50 ans... J'ai dû compenser l'alcool par autre chose, je me suis mise à fumer intensèment du cannabis. Jusqu'à hier, j'étais à 10 joints par jour. Mes parents sont là pour me soutenir et j'ai décidé d'arrêter le joint il y a 2 jours. Je commence une cure ambulatoire demain. Je suis terrorisée à l'idée de devoir vivre sans rien, de vivre sainement! Mais je tiens bon et je sais que je vais m'en sortir. A tous les borderlines je dis : rien n'est perdu! Nous serons toujours plus fragiles, certes, mais en prenant un traitement régulier, on arrive à vivre normalement. Je ne perds pas espoir, je sais qu'il me faudra des années pour réapprendre à vivre normalement, mais je ne serais pas la première à passer par là, alors courage!