Un collègue de ma profession m'a demandé de s'associer avec lui en mars dernier pour fonder notre propre affaire. Je l'ai connu en octobre 2002 chez des amis communs. Nous avons cliqué intensément sur les plans professionnel, intellectuel, psychologique, spirituel et personnel. Nous nous comprenons sans parler, nous partageons la même façon de voir les choses et d'envisager la vie. Il fallait bien s'y attendre : dans un tel contexte, l'aspect amoureux a également pris sa place depuis quelques temps et ce, de façon foudroyante. Le hic, c'est qu'il est marié, et je suis très amie avec sa conjointe. Il a un jeune enfant avec elle. Depuis quelques années, il n'est pas heureux, car il s'est oublié pour protéger cette femme et l'aider à apporter un sens à sa vie. Il étouffe dans cette situation, mais son sens des responsabilités a pris le dessus. Il la considère depuis environ 5 ans comme une amie plutôt qu'une femme dont il est amoureux. Il me dit que je suis entré dans sa vie comme un boulet de canon, et qu'il n'a jamais ressenti d'émotions aussi intenses pour quelqu'un; que depuis que je suis à ses côtés, il se redécouvre, il a l'impression de recommencer à vivre.
Sexuel me direz-vous? Na! Il éprouve une telle attirance, c'est vrai, mais son instinct est de me prendre dans ses bras, de me serrer, de me dire qu'il m'aime et qu'il a besoin de moi. Personne très autonome et indépendante, tout autant que solide, il me surprend et me bouleverse depuis qu'il m'a avoué ses sentiments. Je ne le reconnais pas, car il pleure lorsqu'il me dit qu'il m'aime. Pour la première fois de ma vie, je suis prête à m'investir dans cette relation. Totalement. Étant moi-même très indépendante et ayant peur de l'engagement, je ne sais tout simplement pas ce qui m'arrive. Il ne me fait aucune promesse, ce que j'apprécie. Sauf que nous savons qu'il ne pourra pas continuer avec elle, que je sois ou non dans le portrait, tout simplement parce qu'il est malheureux. Je veux qu'il fasse ce que son coeur lui dicte par amour pour lui-même et non pour moi. Je l'aime assez pour vivre avec sa décision. Mais nous savons tous deux que cet amour, car je suis convaincue que c'en est, est fort au point de vouloir aller jusqu'au bout de cette relation, avec tout ce que cela implique. Peu importe l'aboutissement de cette histoire, je remercie le ciel de me montrer que certains hommes peuvent aimer sans avoir besoin de le prouver sexuellement. Et je ne voulais pas ce qui est arrivé (autrement dit je n'ai pas «travaillé pour»), parce que j'aime cette famille comme elle est, c'est-à-dire ensemble, et je ne veux détruire la vie de personne. Alors, est-ce le destin? Un cadeau que la vie me destine et lui destine? Aucune idée.