Réponse à: ROSIE (comment expliquer un événement traumatisant à ses enfants)

Surnom: ROSIE
Pays: Canada
Âge: 30
Sexe: féminin

Bonjour.

Mon nom est Rosie, j'ai 30 ans, et je suis la maman de 2 jeunes enfants de 4 et 3 ans. J'ai vécu des choses difficiles dans ma vie qui m'ont permis d'acquérir un peu de sagesse et de maturité.

Ma mère est morte il y a 10 ans, tuée par un inconnu. J'ai découvert son cadavre gisant ensanglanté au sous-sol de notre résidence. Bien sûr, ce fût une épreuve des plus difficiles, d'autant plus que ma mère et moi étions de véritables amies, toutes les deux. J'ai pris en charge tout ce dont il y avait à s'occuper: identification du corps, funérailles, etc.

J'ai été le rocher de la famille, autrement dit, sur lequel les autres membres de la famille pouvaient venir s'appuyer. Les gens de l'entourage ont évidemment bien jasé, suite à ce qui fût parût dans les journaux à potins-policiers! Naturellement, les fans d'Hebdo-Police et Allô-Police, pour ne pas les nommer, ont cru tout ce qui avait été écrit dans ces "torchons".

Un an plus tard, j'ai décidé de consulter un psychologue pour m'aider à surmonter mon deuil. Un deuil est toujours très long! La perte d'un être cher, c'est difficile. Et quand il s'agit de sa mère, pour une femme, c'est, je pense, encore plus difficile. Et quand il s'agit d'une mort tragique comme celle-ci, que dire de plus? Je vous épargnerai les détails terribles de l'état de son corps mutilé. L'image tente de s'atténuer avec le temps et je ne veux pas revivre la blessure de ce souvenir.

J'ai passé au travers, je pense, avec sagesse. J'ai surtout grandi au travers de l'épreuve.

La question que je me pose aujourd'hui est la suivante: "Comment puis-je faire pour expliquer tout ça à mes enfants?"

Mon père vit maintenant avec une autre femme depuis quelques années. Cette femme est très bien. Cependant, je me refuse que mes enfants l'appelle "grand-maman", par respect pour ma défunte mère. Et aussi afin de pouvoir leur expliquer la différence. Mes enfants appellent cette femme "Mamie". Mon fils, surtout, a commencé à me poser des questions du genre: "Maman, pourquoi tu appelles grand-papa "papa" et que tu appelles mamie par son nom? Pourquoi tu ne l'appelles pas "maman"? À cela, je lui ai expliqué que mamie n'était pas ma mère. Que ma mère à moi, elle s'appelle Lucie.

Et que grand-mère Lucie est au Ciel.

Je réponds à ses questions du mieux que je peux, sans en ajouter. Je ne veux avoir à leur mentir. Mais cependant, je les trouve trop jeunes pour entendre des histoires aussi morbides. Les meurtres, le sang, etc... ce ne sont que des enfants. Il veut savoir et c'est normal. Actuellement, je lui dit qu'elle a eu un accident. Mais je ne pourrai pas lui dire cela éternellement.

Que me conseillez-vous de faire pour leur en parler? À quel âge? Comment leur parler de tout ça SANS LES TRAUMATISER? C'est une épreuve difficile que j'ai eu à subir, et je ne veux pas les traumatiser avec cela. Je ne peux cependant pas leur cacher éternellement la vérité. Des enfants, c'est intelligents et ça peut comprendre un tas de choses. Bien assez vite, ils en entendront parlé. Il y aura toujours quelqu'un pour parler de cette terrible "affaire".

Merci de m'aider.

Rosie xx

Bonjour Rosie,

L'événement que vous avez vécu est, en effet, hautement traumatisant, et je vous lève mon chapeau pour avoir réussi à passer à travers cette épreuve avec sagesse.

Il serait, à mon avis, de bonne politique, de communiquer l'information juste à vos enfants. Les enfants «sentent» ou «détectent» ou « pressentent» le mystère et il est très souvent préférable de leur dire la vérité. Loin de les traumatiser, la vérité les soulage la plupart du temps.

«Grand-maman Lucie a eu de la malchance. Une personne méchante ou malade l'a tuée et depuis, elle est au ciel.», me semble une explication sobre et juste. Les détails morbides, le sang et autres circonstances, ne doivent pas faire partie du récit. Vous pouvez abréger en leur disant que le souvenir de l'événement est trop douloureux pour vous étendre sur le sujet mais que vous trouviez important qu'ils sachent la vérité.

Vous avez déjà expliqué que «Mamie» n'était pas votre mère. C'est un bon début.

Bonne chance Rosie !

Georges-Henri Arenstein, Psychologue