Réponse à: ROSE (période d'adolescence)

Surnom: ROSE
Pays: Canada
Âge: 40
Sexe: féminin

Je voudrais savoir si je suis trop sévère avec ma fille de 15 ans. Pendant tout l'été, nous lui avons permis de sortir la semaine jusqu'à 11 heures et la fin de semaine jusqu'à minuit, vu que la période scolaire s'en vient, les heures seront pendant cette période 9 heures 30 la semaine et 11 heures la fin de semaine. Elle va avoir 16 ans en décembre.

J'aime bien savoir aussi avec qui elle se tient, ses genres d'ami(e)s.

Ma question est à savoir, est-ce que nous sommes trop sévère, je trouve cela dur parfois!

Nous avons eu une bonne conversation "houleuse" et je ne voudrais pas perdre la bonne entente que j'ai avec ma fille, mais ce soir elle était très déçue et cela m'a fait beaucoup de peine. Mais est-ce que c'est mal ce que nous faisons présentement.

Moi, je pense que d'imposer des heures, c,est tout à fait normal. J'aimerais avoir de l'aide à savoir si je suis ou nous sommes sur le bon chemin ou sommes-nous trop sévère?

J'attends de vos nouvelles très bientôt!

Une maman soucieuse de son enfant ou plutôt de son ado!

Merci!

Bonjour Rose,

Êtes-vous trop sévère avec votre fille de 15 ans ? Oui et non.

Imposer des heures de retour, est-ce normal ? Oui et non. Disons tout de suite que votre préoccupation pour sa sécurité, son bien-être, et pour le genre d'amis avec qui elle se tient, est tout-à-fait légitime et bien fondé. Vous agissez en mère responsable.

Là où les choses se compliquent, c'est lorsque vous imposez des heures précises de retour : 11 h., 9.30 h, etc., l'été, pendant les classes, en semaine, en fin de semaine, etc., à une jeune fille de presque 16 ans.

En effet, ce que les ados aiment le plus, c'est défier les règles de leurs parents afin de s'affranchir de leur autorité et d'acquérir plus de pouvoir sur leur vie.

Alors le jeu qui consiste pour les parents à imposer une heure X et pour l'adolescent à protester et à rentrer plus tard que l'heure entendue est un jeu . qui se joue des deux côtés. Les ados sont souvent frustrés car, quelle que soit l'heure prescrite par les parents . c'est toujours trop de bonne heure et quelle que soit l'heure de retour demandée par les ados, c'est toujours beaucoup trop tard pour les parents ! Résultat : quand on parle de l'heure, on ne s'entend pas ! Alors, parlons donc d'autre chose !

Si les parents et les ados parlaient de leurs émotions en cherchant à se responsabiliser, ils se relieraient beaucoup plus les uns aux autres qu'en essayant de «gagner» une demi-heure ou une heure ici et là. En effet, imposer une heure du retour à la maison, c'est presque inviter les jeunes à transgresser l'entente, ce qu'ils ne manqueront pas de faire pour s'affirmer. Et finalement, il y aura toujours un perdant et un gagnant.

Parler de leurs émotions, pour les parents, c'est prendre le risque de parler de leur inquiétude. Dire «Je suis inquiet (inquiète)» c'est très différent que dire «Je veux que tu sois rentré pour minuit».

Parler de leurs émotions pour les jeunes, c'est prendre le risque de partager à leurs parents leur excitation d'avoir du plaisir entre amis sans regarder l'heure, sans avoir à téléphoner pour «se rapporter», etc. Evidemment, ce n'est pas à la mode et très peu de jeunes partageront ce coin secret de leur intimité avec leurs parents. Mais il n'est pas nécessaire de tout dire ! Les jeunes le savent bien.

Le partage de ses émotions (en autant que ce soit bref mais «senti») installe une complicité. Et la permission de ne pas tout dire facilite à l'ado sa quête de liberté. Exemples : «Je serais soulagé(e) de savoir que tu seras de retour entre telle heure et telle heure». Ou encore « Après une heure du matin, si tu n'es pas là, je m'inquiète». Observez que ces phrases ne comportent aucune contrainte ni aucun ordre. Elles sont responsabilisantes et invitent au dialogue.

Même chose pour savoir avec qui elle se tient : «J'aime ça quant j'entends parler de tes amis» est certainement préférable à «Est-ce que X était là hier soir ?»

Les phrases et les attitudes responsabilisantes ont davantage de chances d'aider l'adolescent dans la gestion intelligente de ses loisirs que les attitudes contraignantes.

Je vous souhaite un bon dialogue avec votre jeune fille de 15 ans !

Bien à vous,

Georges-Henri Arenstein, Psychologue