Réponse à: NAYA (mal de vivre)
Surnom: NAYA
Pays: Québec
Âge: 27
Sexe: féminin
Pourquoi ai-je toujours mal?? Est-ce normal de se sentir de trop! Je veux dire par là que dès que je m'arrête à réfléchir, j'ai mal, très mal. Je crois que je n'ai aucune place réelle ici. Dans ce que je fais, près des gens avec lesquelles je vie et j'aime. Parfois, je l'avoue je pense prendre un billet allé-simple vers l'oubli mais je ne veux pas faire souffrir ma famille. Je n'ai pas peur de la mort, j'ai seulement peur de blessé les gens que j'aime. Je ne sais pas pourquoi j'ai toujours eu ce "feeling" d'être de trop. Même à l'adolescence j'écrivais que jamais personne ne pourrait m'aimer et que je ne savais pas quoi faire de moi. Y-a-t-il une façon de réussir à oublier ce mal...à l'endormir et qu'il me laisse vivre heureuse. Je n'arrive jamais à profiter du moment et mes relations avec les gens qui m'entourent me semblent fausses et incomplète! Aidez-moi s.v.p. à trouver la raison et la solution à ce mal.
Merci! @-/--
Bonjour Naya.
Vous avez en vous depuis très longtemps un mal être qui dure, dure et dure encore. À 27 ans, la seule chose qui vous tient encore dans la vie, c'est la perspective de faire du mal à ceux que vous aimez et qui vous aiment.
Je vous dirai d'abord qu'il est très sage de penser que vous feriez du mal à ceux que vous aimez. En effet, un suicide a toujours, malgré ce que certains pensent, un effet dramatique dans une famille. Le mal qui est fait alors est beaucoup plus grand que dans d'autres morts accidentelles.
Cela dit, ça ne vous aide pas dans la douleur que vous ressentez.
Cette douleur, qui dure depuis tout ce temps doit d'ailleurs être d'autant plus grande qu'elle est invisible. Il est très difficile de la partager avec un autre qui risque de ne pas comprendre et de vous répondre des choses comme « voyons donc, tu as tout pour être heureuse ». Cette douleur ne comporte pas de plâtre pour stimuler la compréhension des gens. Elle est invisible, sournoise, secrète. Et elle ramène à une seule phrase qu'on aurait envie parfois de crier : « Je m'excuse d'exister! ».
Malheureusement, dans le cadre de ce système questions-réponses, je ne peux pas vous aider à trouver les réponses que vous souhaitez. Tout au plus puis-je vous montrer un chemin. À vous ensuite de le prendre ou pas.
Oui, Naya, il est possible d'être mieux et d'apprendre à vous aimer et à vous considérer comme ayant le droit d'être là et heureuse. Non, Naya, il n'est pas possible d'oublier cette souffrance. Au contraire, il faut la prendre de front, entrer dedans et en voir tous les enjeux. Il faut la travailler et la regarder en face. Et pour ça, vous avez besoin d'une aide professionnelle.
De plus, je vous mentirais si je vous disais que vous allez régler cela en quelques rencontres. Ce mal a des racines profondes en vous. Des racines qui remontent loin et qu'il faut déterrer pour les orienter autrement. C'est un travail à long terme.
Mais c'est un travail qui mérite d'être fait.
Trop de gens pensent que 4 ou 5 rencontres avec un psychologue vont régler un problème qu'ils traînent depuis 20 ans. S'il est vrai que certains problèmes spécifiques peuvent se travailler dans un court délai (mais quand même pas 5 rencontres), il est vrai aussi que certains autres dont cette douleur intégrale qui vous afflige nécessite un travail sur soi de longue haleine, un travail en profondeur.
Vous allez peut-être vous dire que ça n'en vaut pas la peine. Je vous invite à mettre cette réaction sur le compte de votre douleur.
C'est comme si en vous existaient deux parties. L'une qui vous trouve pas très valable et une autre qui pousse pour vous dire « fais-toi aider ». C'est cette partie qui a écrit aujourd'hui et c'est cette partie qui peut vous emmener en thérapie. Cette partie de vous trouve que ça vaut la peine Accrochez vous à elle, Naya et consultez au plus vite.
C'est ce que je vous souhaite de tout coeur.
Bonne chance Naya.
Jean Rochette, Psychologue