Réponse à: MAXIME (père alcoolique)
Surnom: MAXIME
Pays: Canada
Âge: 23
Sexe: féminin
Bonjour,
Avant de vous poser ma question, je vais vous raconter un peut mon histoire. Je suis une fille de 23 ans qui est très heureuse dans la vie. J'ai un bon travail, un beau logement et des amis que j'aime. Mes parents ce sont divorcés il y a 7 ans et depuis leur divorce, je n'ai jamais revu mon père. Contrairement à beaucoup de cas, c'est moi qui a décidé de couper tous les liens avec lui. La raison est qu'il a un très gros problème d'alcoolisme.
Mon père n'a jamais été présent dans mon enfance et lorsqu'il était à la maison, ma mère, ma soeur et moi étions toujours stressées car nous ne savions jamais comment il était pour se comporter. Il ne m'a jamais battu mais il s'en ait pris quelquefois physiquement à ma mère. Vous pouvez vous imaginer que ça me faisait aussi mal que si les coups m'étaient destinés. Pendant 12 ans de ma vie, je me suis cachée lorsqu'il arrivait, je priais lorsque je voyais sa voiture arriver dans la cours, en espérant qu'il s'endorme une fois arrivé.
Ma mère et moi sommes devenues des complices, des confidentes. Nous faisions nos plans ensemble pour nous sauver s'il décidait de nous menacer, comme à la guerre. Nous avons donc formé une symbiose. Elle était ma raison de vivre et nous étions dans notre bulle. Si je suis ce que je suis maintenant, c'est beaucoup grâce à elle et à son courage. Ma soeur était trop petite pour comprendre ce qui se passait à cet époque. Je peux vous dire que je n'ai pas vraiment eu d'enfance puisque j'étais au courant de tout ce qui se passait entre mes parents, de toutes les chicanes, de toutes les crises... Je ne vivais qu'en espérant que tout s'arrange.
Durant mon adolescence, les choses ont empirés. J'étais rebelle et en plus, j'en voulais à ma mère de ne pas demander le divorce. Mon père était violent psychologiquement. Il mettait une hache sur le bord de la porte d'entré comme s'il prévoyait commettre un meurtre. Et je ne comprennais pas pourquoi ma mère continuait à endurer tout ça. Donc, quand elle a finalement été prête, j'avais 16 ans. Je détestais mon père comme vous ne pouvez pas l'imaginer alors j'ai décidé de ne plus le voir. Pourquoi continuer à voir un homme qui m'a fait peur toute ma vie ? Et puis,tranquillement je lui ai pardonné.
Dans ma vie, je suis toujours allée demandé de l'aide aux psychologues de l'école à partir de l'âge de 12-13 ans. Après le divorce de mes parents, nous avons fait une thérapie familiale pour réapprendre à vivre ensemble. Et à l'université, je voulais aussi voir plus clair dans ma vie alors j'ai suivi une thérapie qui a durée 6 mois. Durant toute mon enfance, ma mère allait à des rencontres Al-Anon (pour les conjoints ou parents d'alcooliques) et elle m'a souvent aider à lâcher prise...
Tout ça pour dire que je me sens très bien aujoud'hui et j'ai pardonné à mon père. Je ne veux pas le voir et je me donne ce droit. Il a eu une chirosse du foi et il est malade. Il ne se lave plus et a des pertes de mémoire. Je ne sais pas à quelle phase de son alcoolisme il est rendu mais il est près de la mort. Cependant, je sais que j'ai un manque affectif comme n'importe quelle personne qui vit ce genre de situation. Ma question est la suivante: Est-ce que vous croyez que ce manque affectif pourra être comblé un jour ? Pourtant, je ne ressents pas de vide mais j'ai peur de ne pas être assez "rétablie". Est-ce que vous croyez qu'une personne peut être heureuse malgré tout ça ? Je crois être heureuse mais je pense que j'ai de la difficulté à y croire parce qu'en fait, je sais ce qu'est le bonheure seulement depuis quelques années... Est-ce que vous croyez que c'est une situation normale ?
Merci.
Bonjour Maxime,
Je suis émerveillé, à la lecture de votre témoignage, par votre volonté de vivre, votre ténacité, votre ouverture de c ur.
Vous avez connu votre lot de difficultés dans votre enfance et votre adolescence; je ne peux que vous féliciter pour avoir réussi ce dépassement qu'est le pardon.
Bien sûr, vous avez le droit de maintenir votre décision de ne plus le voir . Mais je suppose que vous vous réservez aussi le droit de changer d'idée, le cas échéant.
Il reste que vous avez manqué de Papa. Cette carence peut, en effet, être comblée. Ou, si elle n'est pas comblée, vous pouvez vous organiser pour vivre avec ce manque et vous débrouiller pour être heureuse.
Peut-être qu'une tranche supplémentaire de psychothérapie serait bénéfique ?
Peut-être que des sorties avec des hommes vous renseigneront sur la qualité de vos relations avec la gent masculine ?
Finalement, vous pouvez apprendre à devenir vous-même votre propre père (symbolique). C'est ce que je vous souhaite, Maxime.
Bonne chance !
Georges-Henri Arenstein, Psychologue