Réponse à: LINDA (objet transitionnel)
Surnom: LINDA
Pays: Canada
Âge: 44
Sexe: féminin
Je me pose des questions sur les conséquences du retrait volontaire de l'objet transitionnel (en l'occurrence un "doudou") chez un garçon de 10 ans. Voici: je suis séparée d'avec mon conjoint depuis 18 mois. Mon fils , qui avait alors 9 ans, a choisi de vivre avec son père. Ca se passe très bien. Il a toujours eu une doudou, que, depuis quelques années, il garde dans son lit pour dormir. Puisque j'en avais deux exemplaires, il y en a un chez moi, et un autre chez son père.
Cette semaine, mon fils étant chez moi, m'a dit qu'il était bien content de retrouver doudou car chez lui, son père l'a "caché", ainsi que tous ses autres toutous, prétextant qu'il est assez grand maintenant et qu'il en a plus besoin.
Je trouve ce comportement envahissant et cruel, car d'après moi, cette phase doit venir de la volonté de l'enfant lui-même et ne doit pas lui être imposée. Mon fils me dit qu'il ne peut faire autrement que d'essayer de retrouver l'endroit où son père a dissimulé son doudou. Ca me crève le coeur.
Qu'en pensez-vous? Merci de votre réponse.
Bonjour Linda,
Vous avez raison, l'abandon de l'objet transitionnel devrait idéalement se faire de façon volontaire par l'enfant; il se produira lorsque l'enfant cessera d'investir l'objet du pouvoir réconfortant qu'il lui a attribué.
Cette «mesure» imposée par votre ex-conjoint m'apparaît aussi cruelle qu'inutile. Elle est sans fondement. Il est vraiment surprenant qu'un père sache ainsi avec précision la journée où l'enfant est «assez grand » pour ne plus en avoir besoin !
Il est arrivé à votre fils la même mésaventure qu'à Claude Léveillée, un poète et chansonnier québécois que vous connaissez certainement. Dans sa chanson «Le petit cheval de bois» il exprime son premier chagrin. Il se souvient, qu'en revenant de l'école, il apprend que son grand-père avait brûlé son petit cheval de bois, son jouet préféré. Voici trois lignes de sa chanson : et tu ne sauras jamais Grand-papa Le mal que tu as fait là .
Un coup de téléphone à votre ex-conjoint, un appel à sa sensibilité et à son désir de combler les besoins psychologiques de son fils, devrait idéalement faire réapparaître la doudou. S'il maintient sa position, il serait quand même souhaitable qu'il se responsabilise dans son action : «Cette doudou me fatigue et j'ai décidé de la ranger» serait plus honnête que «Tu es assez grand, tu n'en as plus besoin».
Bien à vous, Linda, et bonne chance au fiston !
Georges-Henri Arenstein, Psychologue