Réponse à: COOKY (accumulations de souffrance)

Surnom: COOKY
Pays: Canada
Âge: 29
Sexe: féminin

Bonjour,

J'ai été abonnée électroniquement par un ami qui consulte régulièrement votre site et m'a fortement conseiller d'y jeter un oeil...

Je vais esseyer d'expliquer le mieux possible mon expérience, mais j'avoue que j'ai du mal à m'y retrouver moi-même...

Du plus loin que je puisse me souvenir, j'ai toujours été quelqu'un de très émotive et sensible. On pouvais très facilement me faire pleurer pour un rien et les enfants de mon âge en faisait un jeux. J'ai détester ma période primaire à l'école car j'étais "l'attraction" de la classe...

À l'adolescence, j'ai esseyée de "m'endurcire" car pleurer pour un rien est très mal vue. J'ai esseyer de me bâtir une carapace en devenant une "rockeuse". (en apparance seulement car je vous avoue très honnêtement n'avoir jamais pris de drogue, je n'ai même jamais fumer de ma vie!) À première vue, j'avais l'air bien solide mais bon Dieu qu'en dedans, c'était mou comme de la guenille! Ça m'a tout de même permis de survivre à la période secondaire malgré quelques problèmes avec certains élèves. Pour ce qui est de mes notes, j'étais dans la bonne moyenne et parfois même, au dessus.

De l'âge "adulte" jusqu'à aujourd'hui, j'ai plutôt l'impression que c'est pire que jamais... C'est comme un mal de l'âme, un profond dégoût de la vie. Tout ce que j'ai vécue à date m'a fait souffrir énormément. Peut-être suis-je trop sensible et émotive...?

Depuis deux ans, je vis la pire période de ma vie: en août 96 j'ai appris que ma mère de 46 ans avait une tumeure cancéreuse au cerveau (Glyoblastome). Elle a terriblement souffert et moi, j'ai vécu l'enfer durand 6 longs mois. Ma mère était ce que j'avais de plus précieux au monde. Elle était ma prioritée et passait très souvant avant mon mari) Nous n'avons pas toujours été en très bon termes, mais depuis peut-être 5 ans, nous étions les meilleurs amies au monde. Elle était ma confidante, ma copine, ma complice, et son amour incondittionnel me faisait chaud au coeur. Je pouvais être rejetée du monde entier, mais je savais que ma mère serait toujours là pour moi. Nous passions des heures au téléphone même si nous habitions seulement à 15 minutes de distances! J'allais la voir au moins une fois par semaine. Le magasinage était notre sport favorit et les bouffes au resto notre gâterie! Aucuns sujets n'était tabou, on se disait tout. Nous nous faisions des confidances que personne d'autre ne savait, même pas mon père ou mon mari.

Puis arrive cette terrible nouvelle! En apprenant cette nouvelle de sa bouche à l'hôpital, j'ai explosé! J'ai crié, j'ai pleuré et j'ai même défoncé une porte à coup de pieds et de poings! Je l'ai très mal pris et je ne le prends pas encore. Je l'ai beaucoup soutenue moralement, elle savait qu'elle pouvais compter sur moi. Mon père n'étant pas très émotif ni instruit, je devais m'occuper de tout. (Testament, banque, CLSC, assurances, notaire, rendez-vous, cimetière, etc...)

À l'hôpital, je passais des heures avec elle, elle avait peur toute seule, elle avait besoin de moi et je lui ai donner tout le temps que j'ai pu. Je prenais tout les congés que j'ai pu prendre à mon travail. (même s'ils me mettaient de la pression, à leur yeux, prendre soins d'un être cher qui se meurt n'est pas une raison valable...) Ce fut des moments atroces car je l'ai vu dépérire de plus en plus à tout les jours, c'était horrible et j'en fait encore des cauchemards aujourd'hui. Quand nous ne pouvions plus en prendre soins nous-même à la maison, je l'ai fait admettre à la Maison Michel Sarazzin en janvier 97. Le 8 janvier, jour de son entré à la Maison, nous attendions l'ambulance pour la transporter. J'étais sur le point d'arriver chez-elle quand elle a fait une grosse convulsion. À mon arrivée, elle était endormie profondément. Elle l'a été jusqu'au 27 janvier. Jusque là, ses rares moments d'éveil était confus. La veille de son entré à la Maison, ses dernières paroles !concientes pour moi ont été: Bonjour ma p'tite fille! Je la voyais dépérire dans son lit et je souffrais le martyre de la voire ainsi. Curieusement, le 27 janvier elle demanda à voir son mari et ses enfants, elle savait quelle date nous étions et que c'était le jour de ses 47 ans! Les médecins n'ont pu expliqué comment se fait ce phénomène dans le cas des personnes en semi-coma. On l'a fêtée et le soir même, elle est retombée dans son semi-coma. Elle est finallement morte le 17 février, quelques-jours après mon anniversaire...

Tout au long de cette épreuve, j'ai eu beau demandé l'aide de mes proches mais personne ne savait quoi faire, tout le monde disait que je maîtrisais bien la situation et qu'ils ne voyaient pas ce qu'ils auraient pu faire! J'ai consulté une psychologue tout au long de la maladie de maman pour me donner la force de passer au travers et pratiquement un an après aussi. Après le décès de maman, j'ai dû faire face aux difficultés de mon père qui avait du mal à se prendre en main et à gérer une vie de veuf... ma mère faisait tout pour lui car il n'était pas très instruit... Déjà affaiblie d'avoir soutenue ma mère, je devais maintenant m'occuper de mon père. Il a fait une profonde dépression et j'ai eu très peur qu'il se suicide. (Deux semaines après avoir appris que maman avait une tumeure, elle avait tentée de se suicidée et c'est moi qui l'avait découverte et ammennée à l'hôpital...) J'avais très peur que mon père fasse ce geste désespéré. Je suis retourné à mon travail en mai, je n'y était pas prête mais les pressions faites par mon employeur et les assurances m'y ont obligée. J'avais demandé à mon employeur de faciliter mon retour avec un retour progressif et des horaires de travail mieux pensés (j'ai un minimum d'heures garantis par année, sur appel) mais refusa de comprendre à quel point j'en avait besoin. D'ailleurs, ils n'ont pas du tout respecter mon deuil et je les ai sentis aggressifs envers moi puisque j'avais été absente un peu plus de 4 mois, ce qui les avaient dérangées dans leur routine... Inutile de dire que personne ne m'a souhaiter leurs sympathies... Ma vie sans ma mère a été un profond boulversement dans plusieurs facette de mon existence. Je me suis rendue compte qu'au travail, j'étais dans un milieu qui ne me valorisait pas du tout, très difficile de se sentir quelqu'un quand nos supérieurs sont inhumains et menacent de nous remplacer n'importe quand, peu importe la raison. Je subis des pressions terrible au travail à la suite de ce congé de maladie car je les ai mis dans le "trouble" et qu'à leur avis, ce n'était pas nécessaire de m'absentée aussi longtemps. Je subis du harcèlement au travail et au moindre geste, je suis suspendue pour des raisons loufoques. Même si je suis syndiquée, le syndicat ne veut pas affronté la partie patronal pour quelqu'un comme moi qui n'est même pas à plein temps... Toutes ces pressions m'ont fait craquée à nouveau et je suis présentement en arrêt de travail pour quelques mois. Mes nerfs ont lâchés... Ce qui ne m'as pas aidée non plus, c'est de voir quelques amis s'éloigner après leur avoir annoncé la maladie de maman. Comme je ne les faisais plus rire et que j'étais moins disponible pour écouter leurs états d'âmes, je n'était plus intéressante. Ce qui m'a le plus blessée, c'est que mon mari agissait comme si de rien n'était. Nous étions mariés depuis mars 96 mais étions en couple depuis 86. Nous avions acheter une maison ensemble en 95. Je n'était plus depuis longtemps follement amoureuse de lui, mais encore assez pour vivre encore des années avec lui. Après le décès de maman, je me suis rendue compte que malgré le fait que je lui disait régulièrement que j'avais besoin d'aide et qu'il pouvait demandé à la Maison Michel Sarazzin comment faire pour m'aider le mieux possible, il ne fit rien et continua à vivre comme s'il ne s'était rien passé. Alors, je me suis posée bien des questions sur mon couple et j'en suis venue à la conclusion que s'il ne pouvait pas me soutenir quand j'avais besoin de lui, pourquoi perdre mon temps avec cet homme...? Pour "m'évader" de tout ces problèmes, j'ai branché mon ordinateur à internet en février 97 et j'ai découvert le "chat" sur irc. Comme mon entourage m'avais délaisser, j'y ai trouvé là pleins de gens qui ne demandaient qu'à m'écouter. J'étais devenue importante pour quelques-uns! J'en avais pour me confier, j'en avais d'autres pour recevoir leur confidances. Je crois sincèrement que le "chat" m'a beaucoup aidée à cette époque. J'y ai même trouvé mon amoureux actuel puisque je suis séparée de mon mari. Tout n'est pas rose, mais comme on dit "ça change le mal de place!" Je vis encore avec mon ex car la maison est vendue pour le mois de juin et mes faibles revenus ne me permettent pas de me louer un appartement. Nous vivons quand-même en bons termes malgré les circonstences car il comprends maintenant pourquoi je ne veux plus être avec lui. Je sais qu'il est encore amoureux de moi et qu'il voudrait se racheter, tout recommencer etc. mais moi je ne suis pas certaine que je l'aime! encore. J'ai de l'affection pour lui, mais de l'amour...? En attendant, je le considère comme mon meilleur ami et ça semble le satisfaire pour le moment. Mon amoureux a de la misère à vivre avec cette situation là et nous avons eux plusieurs prises de becs à cause de ça mais la vente de la maison l'a rassuré et ça c'est calmé. Je vis chez mon amoureux dès que ma présence chez moi n'est pas nécessaire. Nous pensons peut-être vivre ensemble l'été prochain mais des questions de boulots nous obligent à se casser la tête pour trouver la solution idéale...

Quel est mon état mental et physique après tout ça? De la bouillie! - Je fais de l'hypothyroïdie depuis une dizaine d'année et je dois prendre du cynthroïd à tout les jours pour ce problème. (0.1 mg) - Depuis deux ans, mon médecin m'a prescrit du Zoloft à 50mg et a augmenté de 25mg depuis quelques semaines. - Je dois prendre pour quelques semaines 0.5mg de syn-clonazepam pour calmer mon anxiétée. - À l'occasion, je dois prendre des somnifères. (somnol 30mg) - Depuis 96, je souffre de grosses migraines et ça c'est empirer depuis 6 mois. On m'a prescrit du Fiorinal pour mes crises de migraine. - Évidemment, ça serait le pire moment pour avoir une grossesse! Je prends avec ce cocktail des annovullants...!

- Je vais recommencer à consulter une psychiatre pour m'aider à surmonter ma montagne... - Mon médecin me conseille fortement de changer d'emploi. (Et Dieu sait que le chômage n'aident pas facilement dans un cas comme le mien! Ils me l'ont d'ailleurs prouvé ce matin!)

Je suis à l'aube de la trentaine et je me sens si lasse de la vie! Je prends presque autant de médicaments que ma mère avec sa tumeure cancéreuse!

Si j'ai des idées suicidaires? Bien sûr! J'ai déjà fait une tentative il y a 11 ans. C'est pas d'hier que mon goût de vivre n'est pas fort fort...! En ayant déjà fait une tentative dans le passé, je connais maintenant ma limite d'endurance avant de commettre à nouveau ce geste. Je suis consciente que j'ai besoin d'aide et quelque part, je dois avoir un instinc de survis assez fort pour être capable de trouver de l'aide... à quoi ça va me mener...? Je ne sais pas... J'ai souvent consulté des psy de toutes sortes, travailleurs sociaux, bénévoles etc. et franchement, après quelques mois, mon mal de vivre revient plus fort que jamais. Et chaque fois, le ciel me tombe sur la tête! La mort de ma mère est le pire évènement à date et je sais que j'en aurai pour bien des années à vivre avec cette douleur intérieur qui me fait souffrir à tout les jours, j'ai si mal...

Hummm... à me relire ainsi, je me rends compte que j'ai voulue me vider le coeur! Le pire c'est que j'ai seulement survoler mes problèmes... en détail c'est encore pire... Faud dire que depuis que maman est partie, je n'ai plus personne à qui me confier... Je ne sais pas si mes propos étaient compréhensifs, j'ai esseyer de transcrire mes émotions mais les mots et les émotions sont difficiles à traduire!

Finallement ma question dans tout ça? Même si je suis en dépression majeure et que je prends touts les médicaments prescrits et que je consulte des médecins, des psy et que je m'acharne avec le chômage pour faire un autre métier que celui qui me rends malade au point d'en vomir et de mettre fin à une relation de couple stérile... pourquoi ça ne finit plus??? J'essais de tout coeur de me sortir de ce cauchemard et ça recommence tout le temps! Que me reste-t-il à trouver comme aide encore pour enfin respirer pleinement la vie?

Désolée pour le roman, mais ça fait du bien...!

Merci de m'avoir lue...

Écrire votre longue lettre semble vous avoir fait du bien si on se fie à vos deux derniers paragraphes. Tant mieux si vous vous êtes vidé le c ur de tant de négatif. Vous avez tout-à-fait raison, les mots sont souvent impuissants à traduire des émotions ! Rassurez-vous : vos propos sont très compréhensibles et je vous ai attentivement suivie du début à la fin. Vos liens d'attachement ont aussi été mis à rude épreuve.

Je constate que votre jeune âge, 29 ans, ne vous a pas empêché de vivre une longue suite de douleurs et de souffrances qui semblent ne pas finir. J'en conclus que, sans aucun doute, vous êtes bâtie très forte et très solide pour avoir été capable de recevoir de l'existence tant de chocs physiques et psychologiques.

Je vous avoue qu'à la question "Pourquoi ça ne finit plus ?", je ne sais quoi répondre. Force nous est de reconnaître que les événements ne nous consultent pas avant d'arriver . ils arrivent, c'est tout.

Pour faire la transition entre des années de souffrances (anxiété, migraines, chagrins divers, etc) et un mieux vivre, une retraite prolongée peut être extrêmement libératrice. Je vous invite à gérer vos responsabilités quotidiennes de telle manière que vous puissiez les déléguer à quelqu'un pour quelques semaines et à vous trouver un lieu de repos loin du bruit et de l'agitation pour réfléchir au sens profond de tout ce que vous avez écrit dans votre lettre. Équipez-vous de cahiers et de crayons et racontez par le menu détail toute votre vie, ses joies et ses peines.

Je suis conscient de la difficulté d'organiser une telle retraite (chômage, médicaments, etc.), cependant vous pouvez vous faire aider par votre meilleur ami.

La souffrance peut graduellement prendre un certain sens. Et malgré cette si grande lassitude et ce dégoût de la vie que vous expérimentez maintenant, un sentiment libérateur risque fort d'apparaître à travers la brume : l'acceptation. Les événements, considérés comme cruels ou injustes ou douloureux, ne deviendront plus que des événements. Les souffrances qui vous ont écorchée perdront de leur intensité.

Je vous invite à essayer cette sorte de "jeune mental" en solitaire, ou en semi-solitaire.

Bonne chance, Cooky !

Georges-Henri Arenstein, Psychologue