Réponse à: AURÉLIE (endeuillée par suicide)
Surnom: AURÉLIE
Âge: 55
Sexe: féminin
Le frère de mon conjoint s'est suicidé par les armes en début du mois de janvier. Il avait des problèmes d'alcool. J'ai été sa confidente et ai tenté de l'aider durant toutes ses années de dépression (±15 ans) en lui fournissant une oreille attentive, de l'encouragement et des noms de ressources pour se prendre en main.
A sa mort, j'ai senti une grande délivrance pour lui et sa famille. Je semblais accepter cette mort tragique sereinement. Cependant, une semaine plus tard était annoncé le suicide de Gaëtan Girouard. Depuis ce fait, je me sens triste, j'ai souvent la larme à l il sans raison, j'éprouve des difficultés de concentration et de prise de décisions, mes nuits sont agitées (mais sans cauchemars),je ressens une perte d'énergie.
Je ne ressens pourtant aucune culpabilité face à cette mort. Je n'éprouve pas non plus de peine de la perte de mon beau-frère car je sais que sa détresse est terminée. Par ailleurs, je ne comprends pas les symptômes que je vis présentement.
J'aimerais être éclairée à ce sujet et à l'avance, je vous en remercie.
Bonjour Aurélie.
Quoi que vous vous disiez sur la mort de votre beau-frère, au-delà de toutes les rationalisations très saines que vous pourriez faire, vous êtes endeuillée, Aurélie. Vous avez un deuil à faire et vous allez passer par toutes ces étapes de deuil à votre façon.
Cela fait 15 ans que vous êtes proche de votre beau-frère et que vous le soutenez. Bien sûr, à sa mort, vous avez sans doute senti une grande délivrance pour lui. Vous vous dites que c est mieux comme ça et qu enfin il ne souffre plus. Cependant, vous-mêmes, vous avez perdu un être cher. Il n est plus là. Vous allez vivre toutes sortes de sentiments contradictoires, vous allez être tantôt gaie pour lui, tantôt triste pour vous.
Fondre en larmes, c est quelque chose de normal dans cette situation.
Il semble pourtant que vous ne vous donniez pas le droit de vivre certaines choses. Vous n êtes pas obligée de vous sentir coupable ni triste, vous n êtes pas obligée de vous sentir heureuse pour lui non plus. Dans le domaine des émotions, vous avez tous les droits, vous pouvez passer par tout ce que vous voudrez, de la colère envers lui parce qu il est parti à la joie qu il n ait plus de problèmes en passant par la tristesse de l avoir perdu et même le soulagement de ne plus avoir à vous occuper de lui. TOUT EST PERMIS en termes d émotions dans un deuil. Et c est normal Et ce n est pas tacher sa mémoire que de vivre ces émotions. C est juste humain.
Vous êtes une endeuillée par suicide. Vous êtes quelqu un qui a perdu un être cher parce qu il a décidé de quitter ce monde volontairement. Vous devrez vivre cette perte et vous y adapter en prenant le temps qu il faut pour accueillir ce qui viendra, même si cela vous étonne. Demeurez ouverte à vos émotions et accueillez-vous au moins aussi bien que vous l avez accueilli, lui, pendant 15 ans.
Si vous éprouvez le besoin de consulter, certains centres de prévention du suicide offrent des services d évaluation et de thérapie de deuil. Appelez le centre le plus près de chez-vous et demandez-leur de vous aider. Donnez-vous le temps de voir ce qui bouge en vous, donnez-vous le temps de voir ce qui se passe. N hésitez pas à vous faire aider au besoin.
Bonne chance et sincères condoléances,
Jean Rochette Psychologue