L'hebdomadaire de gauche new-yorkais, The Nation, consacre l'essentiel de son numéro du 30 juillet, déjà publié en ligne, aux témoignages, recueillis pendant 7 mois, d'une cinquantaine de soldats de retour d'Irak.
"C'est la toute première fois qu'un si grand nombre d'anciens combattants acceptent de parler des civils irakiens tombés sous les balles américaines", écrit l'hebdomadaire.
On y lit notamment: «Des douzaines de soldats interrogés ont vu de leurs propres yeux des civils irakiens, y compris des enfants, se faire tuer par les forces américaines.» Nombre de ces vétérans, écrit The Nation, «racontent que dès qu’ils sortent de leur base, ils tirent à volonté. Certains ouvrent le feu sur les bidons d’essence que les marchands vendent le long de la route, et jettent des grenades pour les enflammer. D’autres tirent sur des enfants.» Beaucoup de ces soldats soutiennent que ces meurtres indiscriminés ont été perpétrés par une minorité d’entre eux, mais reconnaissent qu’ils sont «courants». Souvent aucun rapport à la hiérarchie n’est effectué, et ces actes demeurent presque toujours impunis. «Quand j’étais là-bas, raconte le soldat Jeff Englehart, l’attitude générale était qu’un Irakien tué était juste un autre Irakien tué. Vous savez, on se disait Et alors? Les soldats pensaient vraiment qu’ils avaient été envoyés pour aider la population et ils se sont sentis presque trahis. Vous voyez, on est là pour vous aider, on vient de très loin, on a quitté notre famille et notre maison [.] et vous essayez de nous descendre !»
(...) La peur du soldat américain, c’est les bombes télécommandées, responsables d’environ 40% des pertes dans leurs rangs, et les voitures suicide. Les GI chargés de garder des check points ne se gênent pas pour ouvrir le feu sur la moindre voiture suspecte. Neuf des cinquante soldats interrogés par The Nation ont vu des civils tués dans de telles circonstances. «La plupart du temps, c’est une famille [.] et de temps en temps c’est une vraie bombe, c’est ça qui est effrayant», raconte un sergent." (Libération)
Une recherche, publiée dans The lancet vers la fin de l'an passé, par des médecins irakiens supervisés par des épidémiologistes de l'Université Johns Hopkins, estimait à 601.000 les civils morts des violences en Irak depuis mars 2003. Les chercheurs estimaient que les forces de la coalition étaient responsables de 31% de ces morts violentes, une estimation conservatrice (étant donnée la méthodologie utilisée), rapporte The Nation.
"Ces soldats ont fait preuve d'un grand courage en relatant les horreurs dont ils ont été les témoins", souligne The Nation qui note que "la grande majorité (des soldats) a insisté sur le fait que seul une minorité à tué des Irakiens de manière indiscriminée". Mais ces crimes demeurent "presque toujours impunis", ajoute l'hebdomadaire.
L'enquête de The Nation resterait jusqu'à présent ignorée par toutes les grandes chaînes de télévision et des principaux journaux américains. Seul le Los Angeles Times en aurait fait écho.
Sources:
The Nation
Le Monde
Libération
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