La chercheuse Kenza Afsahi affirme « la politique du gouvernement marocain a changé (...) ils ont publiquement annoncé qu'ils voulaient éradiquer les cultures (...) ils encouragent les paysans à abandonner le cannabis et lorsque ce n'est pas le cas ils envoient l'armée qui détruit les champs ». Le journal qui note que la production de cannabis a connu une baisse notable de 3070 tonnes de résine en 2003 à 2760 en 2004, mais que ces chiffres seuls ne suffisent pas à expliquer la pénurie, rapporte que selon Nacer Lalam, spécialiste de l'économie souterraine, « l'autre facteur important, c'est le renforcement de la répression et des contrôles depuis les attentats de Madrid ». Et le journal d'assurer que selon « les observateurs de terrain » au plus fort de la pénurie « il ne restait plus sur le marché que 10% du haschisch habituellement en circulation ».
Selon Kenza Afsahi « le cannabis a toujours été utilisé par le peuple pour résister aux situations difficiles, un peu comme la feuille de coca permet de marcher pendant des heures sans ressentir la fatigue », ce que le rappeur Ideal J transcrit ainsi « un nuage de fumée me contient / dans un simple joint ma rage je contiens ». D'après Technikart, pour ces raisons « il est difficile de croire que cette pénurie massive (...) n'a pas joué un rôle important dans les émeutes de banlieue ». Un usager-revendeur dit « les jeunes avaient les crocs. Beaucoup n'avaient rien à fumer, la tension était palpable ». Nacer Lalam reconnaît pour sa part que cette pénurie « a pu constituer un facteur contextuel non négligeable dans la crise récente ». Selon lui « ce sont les études sociologiques sur le terrain qui devront déterminer dans le futur son impact réel ». Question du mensuel « cette diminution des doses de sédatif en circulation dans le corps social peut elle expliquer plus largement le climat électrique que connaît actuellement la France et dont le dernier épisode en date est la mise en déroute du train Nice Lyon par une bande de jeunes surexcités ? ».
Alain Labrousse, fondateur de l'observatoire géopolitique des drogues, répond « Dans les années 80, sur l'île Maurice une campagne d'éradication du cannabis avait débouché sur une épidémie d'héroïne. Chez nous la coke est aujourd'hui la menace principale ». Précisant que s'ils ne plongent pas le nez dans la poudre, les jeunes des quartiers fument aujourd'hui du hasch aux effets plus violents en provenance d'Afghanistan, des Pays Bas ou du Pakistan, le magazine explique qu'alors « que le shit marocain vous transforme en philosophe de rez-de-chaussée », inhibant tout passage à l'acte, le cannabis batave « fait pousser des ailes de warrior survolté » ce qui expliquerait « l'actuel climat à la Orange mécanique qui plane sur l'hexagone ». Un policier déclare « s'il y a aujourd'hui en France une paix sociale relative, c'est grâce au cannabis. Sans ça les banlieues auraient explosé bien avant (...) Grâce au cannabis les jeunes restent cantonnés à un petit trafic qui ne fait pas trop de vagues. Si tu leur enlèves ça ils vont passer à des choses beaucoup plus dures comme des braquages ». Considérant que dans de nombreux quartier la résine de cannabis « fait figure d'ultime ciment social », le magazine rapporte le témoignage de Kader, auteur du livre « Dealer » et ancien trafiquant « Aujourd'hui à Clignancourt le shit a quasiment disparu, les jeunes vendent du crack ». Et de conclure « qu'à l'entendre, le temps où le Marocain coulait à flot fait presque figure de paradis perdu ».
Source: drogues.gouv.fr
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