La recherche a montré que des processus immunitaires adaptatifs dérégulés sont souvent présents dans le trouble bipolaire, rapportent les auteurs d'une étude publiée en juin 2018 dans la revue Acta Psychiatrica Scandinavica.
Ils ont examiné l'influence potentielle des variations du système HLA (human leukocyte antigens) sur le risque et les diverses manifestations cliniques de la maladie.
Le système HLA a pour fonction de distinguer les cellules du soi et du non-soi chez l’humain (bactéries, virus, parasites, greffons...) et de mettre en place une réponse immunitaire contre les agents pathogènes.
L'hypothèse est que l’interaction d’événements infectieux précoces et de facteurs génétiques liés à une moins bonne capacité à se défendre contre des pathogènes communs provoquerait des réactions inflammatoires délétères sur le fonctionnement immunitaire et cérébral.
Ryad Tamouza et Marion Leboyer de l'Inserm ont, avec leurs collègues, analysé la distribution des variants HLA chez 475 personnes atteintes de troubles bipolaires et 195 témoins.
Ils ont comparé la distribution de deux grandes familles de gènes connus pour leur rôle dans la réponse immunitaire adaptative de par leur capacité à reconnaître les agents pathogènes de type virus et de type bactéries ou parasites.
Alors que la réponse immunitaire innée constitue la première ligne de défense offrant une réponse immédiate et aspécifique en présence d’un agent pathogène, l’immunité adaptative développe une réponse spécialisée dirigée contre des agents pathogènes spécifiques et est dotée de mémoire afin de préparer le corps à mieux réagir à la même agression ultérieurement.
Des variantes dans les combinaisons de ces gènes étaient associées à un plus grand risque de développer une forme grave de la maladie bipolaire, à la survenue de cycles rapides (plus de 4 épisodes par an), au risque de tendance suicidaire et à celui de débuter la maladie par un épisode hypomaniaque ou par des symptômes psychotiques.
Ces résultats « constituent une étape majeure dans le développement d’une médecine de précision en psychiatrie
», soulignent les chercheurs.
Ils peuvent mener à mieux prendre en charge les pathologies associées au trouble bipolaire. Les « comorbidités auto-immunes » sont aujourd’hui à l’origine d'une réduction de l'espérance de vie de 10 ans en moyenne chez les personnes atteintes d'un trouble bipolaire, rapportent-ils.
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Psychomédia avec sources : Fondation Fondamental, Acta Psychiatrica Scandinavica.
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