Les poppers seraient à l’origine de pertes visuelles prolongées (plusieurs mois), selon une étude française publiée dans Le New England Journal of Medicine.
Composés de nitrites d’alkyle, les poppers se présentent sous la forme de liquides très volatils contenus dans des fioles de 10 à 15 ml. Ces substances produisent des vapeurs d’oxyde nitrique (NO) que les usagers inhalent pour leurs effets euphorisant de courte durée (quelques minutes).
Michel Paques de l'Inserm (hôpital des Quinze-Vingts, Paris) et ses collègues ont décrit ces symptômes chez 4 personnes. Peu de temps après l’inhalation des poppers, elles ont ressenti une baisse de leur vision accompagnée d’éblouissements. En utilisant une technique d’imagerie rétinienne à haute résolution, les médecins ont détecté une dégradation des cellules photoréceptrices de la rétine, au centre de la macula, une zone responsable de la vision la plus fine. Cet effet est attribué au NO issu d’un composé de la famille des nitrites d’alkyle appelé "nitrite d’isopropyle" détecté par les chercheurs dans les vapeurs.
Les symptômes persistent de plusieurs semaines à plusieurs mois. Depuis ces observations initiales, d'autres cas ont été identifiés: "notre expérience cumulée porte maintenant sur 14 patients, dont certains en prennent régulièrement depuis plusieurs années", explique le Pr Paques.
Le phénomène serait réversible car même après plusieurs années d’intoxication, des améliorations ont été observées après l’interruption de la prise. Cela peut cependant prendre plusieurs mois.
4,1 % des personnes âgées de 18 à 64 ans avaient, en 2005, consommé des poppers au moins une fois au cours de leur vie, indique le communiqué de l'Inserm. La consommation est en hausse chez les jeunes (2,4 % chez les jeunes de 17 ans en 2000 à 13,7 % en 2008).
Depuis le décret du 26 mars 1990, les poppers contenant des nitrites de pentyle ou de butyle sont interdits à la vente en France, précise le communiqué. Quelques poppers, à base de nitrites d’amyle ou de propyle, sont encore autorisés du fait d’une apparition plus tardive sur le marché. Ils sont disponibles dans certains établissements (sex-shops, saunas, clubs et bars gays) et par internet. En novembre 2007, un décret avait pour objectif d’élargir le cadre d'interdiction en incluant les nitrites d’amyle ou de propyle et leurs isomères. Ce décret a été annulé en Conseil d'Etat le 15 mai 2009.
Psychomédia avec source: Inserm, communiqué
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