La consommation de drogues en France a beaucoup changé depuis dix ans. L'Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) a rendu public, le 4 février, un rapport synthétisant les résultats de son dispositif d'observation TREND (Tendances récentes et nouvelles drogues) créé en 1999.
Après les années 1970 et 1980, marquées par la diffusion puis le déclin de l'héroïne, et les années 1990, qui ont été celles de l'implantation du cannabis, les années 2000 sont celles de la progression de la cocaïne, schématise le rapport produit sous la coordination de Jean-Michel Costes, directeur de l'OFDT.
Après la dernière décennie marquée par l'augmentation constante de l'usage de cannabis, sa consommation s'est stabilisée à un niveau élevé. Il est le produit illicite le plus fréquemment consommé en France, avec 1,2 million de consommateurs réguliers et 550.000 consommateurs quotidiens. La majorité se le procure auprès de proches, un tiers recourt à des dealers et 10% cultivent des plants. L'initiation se fait en moyenne à 15 ans, moins dans le cadre festif qu'au quotidien. La fin de l'adolescence et la période de prise d'indépendance sont fréquemment des moments de consommation plus importante, qui se réduit au fil du temps pour une majorité de consommateurs. Mais des formes "d'usage dur", lié à des situations de désœuvrement social, sont également observées.
Les années 2000 ont constitué un tournant dans la disponibilité de la cocaïne en France. Parmi les 18-44 ans, le niveau d'expérimentation triple entre 1992 et 2005, passant de 1,2% à 3,8%. En 2005, le nombre d'expérimentateurs au cours de la vie était estimé à environ 1 million de personnes, pour environ 250.000 qui en ont consommé au cours de l'année. Bénéficiant d'une image positive, sa consommation touche toutes les classes d'âge dans des milieux sociaux très hétérogènes. La technique du chauffage de la cocaïne mélangée à du bicarbonate pour la consommer fumée ("free-base", soit le même produit que le crack) est de plus en plus populaire.
Pour ce qui est de l'ecstasy, elle a connu une phase de progression importante jusqu'au début des années 2000. Elle était, après le cannabis, le produit illicite par lequel des centaines de milliers de jeunes sont entrés dans la consommation de substances illicites. Arrivée à une phase plateau en 2002, sa consommation décline pour s'établir à 900.000 expérimentateurs en 2005 (essentiellement des moins de 25 ans) et 200.000 usagers occasionnels. L'intérêt pour le comprimé d'ecstasy décline au profit des formes poudre et cristal du MDMA (ecstasy) et de l'amphétamine.
Quant à l'héroïne, l'introduction de traitements de substitution (Subutex et méthadone) afin d'enrayer l'épidémie d'overdoses, avait entraîné sa moindre consommation dans les années 1990. Mais elle est réapparue à partir de 2006 en se diffusant relativement rapidement. Elle n'est plus injectée par seringue mais sniffée ou fumée. Ces nouveaux modes de consommation ont fait régresser la crainte de l'overdose, liée à tort à la seule pratique de l'injection. Le retour de l'héroïne s'explique également par le détournement de la prise de Subutex, devenue une drogue de rue très répandue. Paradoxalement, l'accès facile au Subutex a dédramatisé le risque de la dépendance à l'héroïne, rendant d'autant plus attrayante sa consommation.
Par ailleurs, les consommations de GHB/GBL et de kétamine s'élargissent, sortant des milieux où elles étaient cantonnées. La consommation des champignons hallucinogènes ainsi que de plantes comme la salvia est en hausse à Paris.
Psychomédia avec sources: Le Monde, Le Nouvel Observateur (AP).
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