Cardiologue réputé, le docteur Ameisen, explique dans son livre être "guéri" de l'alcoolo-dépendance grâce au baclofène. "Je n'ai plus aucune envie d'alcool", affirme-t-il. Il s'est administré jusqu'à 180 mg par jour, des doses très supérieures aux posologies habituelles de ce médicament, non sans avoir préalablement interrogé des neurologues sur les effets secondaires (somnolence pouvant aller jusqu'au coma en cas de surdosage). Il prend aujourd'hui entre 30 mg et 50 mg par jour.
Le baclofène est un un vieux médicament "génériqué" depuis 1997. Il s'agit d'un relaxant musculaire indiqué dans le traitement des contractures douloureuses accompagnant la sclérose en plaques et certaines paralysies. Il n'a pas d'autorisation de mise sur le marché (AMM) pour le sevrage alcoolique. L'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) recommande aux médecins d'attendre que son efficacité pour le traitement de l'alcoolisme soit démontrée avant de le prescrire à cet effet. Mais certains médecins ont déjà commencé à le faire.
Des fonds ont été accordés, fin mai, par le ministère de la santé dans le cadre du programme hospitalier de recherche clinique (PHRC) pour mener un essai clinique. Des fonds publics étaient requis car, étant génériqué, le baclofène n'intéresse pas l'industrie pharmaceutique, explique le Pr Michel Reynaud du service d'addictologie de l'hôpital Paul-Brousse à Villejuif, l'un des responsables scientifiques de l'essai.
L'essai, impliquant 210 patients alcoolo-dépendants, mesurera l'efficacité du baclofène (à la posologie de 90 mg par jour) en plaçant 105 des participants sous traitement et 105 sous placebo et comparera le maintien de l'abstinence. Les patients seront suivis durant quatorze semaines et bénéficieront par ailleurs d'une prise en charge psychosociale. Les premiers résultats devraient être publiés d'ici à deux ans.
Pour l'heure, les recherches expérimentales menées sur le rat sont prometteuses et suggèrent une relation dose-effet importante. Cette molécule pourrait aussi avoir une utilité dans d'autres addictions telles que tabagisme, boulimie, dépendance à l'héroïne ou à la cocaïne, indique Pr Michel Detilleux, investigateur et coordinateur de l'essai.
Selon le docteur Ameisen, cet essai clinique est voué à l'échec à cause de l'insuffisance de la dose utilisée.
Psychomédia avec source:
Le Monde