Les Français, montreraient les sondages, seraient majoritairement en faveur de la légalisation de l'euthanasie. Mais, alors qu'en campagne électorale François Hollande avait proposé, sous certaines conditions, une "assistance médicalisée pour terminer sa vie dans la dignité
", il s'est montré moins catégorique, mardi 17 juillet, en confiant une mission de réflexion sur la fin de vie à Didier Sicard, médecin et ancien président du Comité consultatif national d'éthique, souligne le journal Le monde dans un éditorial. Ce dernier sera chargé de déterminer s'il faut modifier la législation actuelle.
Alors que la loi Leonetti de 2005 proscrit, au nom du droit des malades, tout acharnement thérapeutique et autorise les médecins à "laisser mourir" les patients en stoppant tout traitement actif, certains malades graves et/ou chroniques réclament la mort par un geste actif de la part des soignants. La mission devra s'interroger sur ces cas, résume le journal.
"Je ne veux pas, a indiqué Didier Sicard au Quotidien du médecin, que cette mission soit une énième audition des experts : cela aboutirait à un état des lieux qui n’avancerait en rien la situation
".
La mission assure-t-il, tentera plutôt de redonner la parole aux citoyens (par exemple par un référendum, indique le Journal international de médecine), "car ils ont l’impression de n’être plus maîtres de leur destin
", répondant ainsi aux critiques qui déplorent que la mission ait été confiée au milieu médical.
La mission est composée de deux médecins, Régis Aubry et Jean-Claude Ameisen, deux cadres infirmiers, une psychologue et un philosophe.
Pour l'Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD), qui réclame "le respect absolu des volontés individuelles
", "la fin de vie est une question citoyenne intime et pas une question médicale
". L'association avait souligné lors de la publication d'un rapport de l'Observatoire national de la fin de vie en février dernier que les convictions anti-euthanasie du Dr Régis Aubry sont de notoriété publique.
Quant à Didier Sicard, bien qu'il affirme que son opinion personnelle n'ait pas d'importance et que de toute façon elle n'est pas définitive, son sentiment serait plutôt négatif quant à la dépénalisation de l'euthanasie, rapporte le Journal international de médecine. "Depuis dix ans
", dit-il, "je suis de plus en plus dubitatif sur la possibilité radicale de transgresser l’interdiction de donner la mort
". Concernant la loi Leonetti, il remarque : "Je trouve que c’est une grande loi. Doit-elle être adaptée, je n’en suis pas sûr
". Mais, "certains jours
", il "trouve inacceptable que quelqu’un disant souhaiter en finir n’obtienne pas de réponse
".
François Hollande, a de son côté, lors de l'annonce, insisté sur son respect des "consciences et des voix venues notamment des autorités spirituelles
", rapporte TF1 qui souligne et tente d'interpréter le fait que le président ait choisi de faire cette annonce dans un établissement géré par une communauté religieuse protestante.
A aucun moment, Hollande n'a prononcé le mot "euthanasie", souligne aussi TF1. Et, il ne s'est pas engagé dans la voie d'une légalisation de l'aide à mourir.
Psychomédia avec sources: Le Monde, Le Quotidien du médecin, Journal international de médecine, Admd. Tous droits réservés.