L'actrice française Maïa Simon, atteinte d'un cancer généralisé, a décidé de recourir au suicide assisté, une pratique interdite en France, dans une clinique spécialisée en Suisse. Elle est décédée mercredi le 19 septembre, après avoir ingurgité une dose fatale de barbituriques.
Une semaine auparavant, elle avait accordé une interview au reporter de RTL Olivier Geay
Elle y dénonçait "la toute-puissance des médecins et l'hypocrisie de la société française qui refuse qu'on choisisse sa fin", rapporte RTL, et appelait à un débat national pour faire évoluer la loi et les mentalités.
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"Maïa Simon avait adhéré en octobre 2006 à l’Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD). Cette association française milite pour la légalisation de l’euthanasie active «dans des conditions très précises, pour des personnes qui sont à un stade avancé d’une maladie incurable, ou dans un état de dépendance incompatible avec leur dignité», a indiqué son président. «Comme nous le faisons en pareil cas, nous avons fait passer Maïa Simon devant notre commission médicale, puis nous l’avons mise en contact avec l’association suisse Dignitas, qui est présidée par un médecin et assiste les personnes ayant pris une telle décision», a-t-il dit. Dignitas est une des associations suisses, avec Exit, qui fournit une potion létale aux candidats au suicide, qu’ils doivent ingurgiter eux-mêmes." (Libération)
Voici des extraits de cette entrevue:
"J'ai eu le temps, pendant cette longue maladie, de sentir la dégradation de mon corps,
de tout ce qui se passe à l'intérieur, et pas seulement les poumons... Il y a plein de
petites choses qui se déglinguent. Et je sens que j'arrive à la limite. Je pense que
c'est le bon moment pour le faire.
Le problème, c'est qu'avec cette maladie, vous pouvez passer des paliers. Et puis
brusquement, on vous hospitalise. Et là, vous rentrez dans le cercle infernal des soins.
Même si vous refusez les chimios, je serais à l'hôpital. Je ne pourrais pas rester à la
maison. Je rentrerais dans un cercle vicieux.
Donc au lieu d'attendre la mort de manière passive, puisque j'ai encore de l'énergie,
j'organise mon dernier voyage avec ma famille et mes amis. Comme nous n'avons pas la
possibilité d'accomplir cette chose en France, je suis obligée de partir à l'étranger.
Quelque part, cette idée me séduit aussi, parce que ça me donne la possibilité d'une
escapade. Et quand j'arriverai là bas, ce sera le grand bond. mais je ne pense pas à ma
mort, je pense à cette évasion qui sera l'ultime. Cà, c'est une idée qui me plaît bien". (RTL)
«Au début ça n’a pas été facile de leur faire admettre ma décision, poursuivait Maïa Simon dans son témoignage sonore. Et puis, petit à petit, ils ont quand même compris (…) que ce que je choisissais, c’était essentiel pour moi. Donc, ils sont passés au-delà de leurs a priori ou de leurs peurs.» (Libération)
Finalement, quatre d'entre eux ont décidé de l'accompagner. Ils sont partis avec elle en voiture en Suisse. "Un voyage surréaliste, avec des rires et des chansons, un dernier resto, une ultime balade au bord du lac de Zürich". (RTL)
Un nombre croissant de malades étrangers viennent finir leurs jours en Suisse, où l'aide au suicide est autorisée. L'euthanasie active, c'est-à-dire la mort donnée à un patient par un tiers, est toujours condamnable en Suisse. L'assistance au suicide exige donc que le patient soit en mesure d'ingérer lui-même la substance létale.
Selon Jérôme Sobel, président d'Exit Suisse romande, le suicide assisté peut se faire sous cinq conditions: "Il faut que la personne soit capable de discernement, que la demande soit sérieuse et répétée dans le temps, que la maladie soit incurable, qu'elle soit cause de souffrances physiques ou psychologiques importantes et qu'elle ait un pronostic fatal ou une invalidité définitive". (TV5)
Sources:
RTL
Libération
TV5
Voyez également:
2000 soignants avouant avoir aidé des malades à mourir lancent un manifeste (France, mars 2007)
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