Les médicaments sédatifs utilisés contre l'insomnie et l'anxiété augmentent le risque de mortalité, selon une étude publiée dans le Canadian Journal of Psychiatry. Geneviève Belleville de l'Université Laval (Québec) et ses collègues ont analysé les données, collectées par Statistique Canada, concernant 14 000 Canadiens âgés de 18 à 102 ans interrogés tous les 2 ans pendant 12 ans.
Les répondants qui ont déclaré avoir utilisé des médicaments pour traiter l'insomnie ou l'anxiété au moins une fois dans le mois précédant l'enquête ont eu un taux de mortalité de 15,7% durant cette période de 12 ans. Alors que ceux qui n'avaient utilisé de tels médicaments présentaient un taux de 10,5%.
Les personnes âgées sont particulièrement concernées car elles sont plus fragiles et sujettes aux accidents tout en étant plus nombreuses (20%) à prendre ces médicaments (comparativement à 3 à 6% pour l'ensemble de la population).
Certaines hypothèses ont été avancées pour expliquer le lien entre ces médicaments et une mortalité accrue. Les somnifères et les anxiolytiques affectent le temps de réaction, la vigilance, et la coordination et favorisent donc les chutes et autres accidents. Ils peuvent aussi avoir un effet inhibiteur sur le système respiratoire, ce qui pourrait aggraver certains problèmes de respiration pendant le sommeil. Ils sont également des inhibiteurs du système nerveux central, ce qui peut altérer le jugement et ainsi augmenter le risque de suicide.
Ces médicaments sont loin d'être inoffensifs, commente la chercheuse. «Étant donné que les thérapies cognitivo-comportementales ont montré de bons résultats dans le traitement de l'insomnie et de l'anxiété, les médecins devraient systématiquement discuter de ces traitements comme étant une option avec leurs patients. La combinaison d'une approche pharmacologique à court terme avec un traitement psychologique est une stratégie prometteuse pour réduire l'anxiété et favoriser le sommeil ».
Cette étude ne prouve toutefois pas que le lien constaté entre consommation de ces médicaments et taux de décès soit causal. Une autre explication possible pourrait être que les personnes en moins bonne santé consomment plus de ces médicaments.
Psychomédia avec source:
Eurekalert
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