54 % de la population mondiale vit dans les zones urbaines, une proportion qui devrait passer à 66 % en 2050, selon des chiffres de l’ONU. Les mégacités, les villes de plus de 10 millions d’habitants, sont aujourd’hui plus de 30. Vers 2050, il devrait y en avoir 50, indique un article du Journal du CNRS.
Alors que Paris et Londres avoisinent les 12 millions d’habitants, Shanghai (photo) en comptait 80 millions en 2010, ce qui en fait selon des chercheurs en géographie, la ville la plus peuplée du monde, loin devant Tokyo réputée être la plus grande ville (38 millions, selon l'ONU 2014).
Parmi les 10 plus grandes villes du monde se trouvent Guangzhou (Canton) en Chine, Tokyo, Dehli et Mumbai (Bombay) en Inde, New York avec ses 25 millions d’habitants ou encore Rio et São Paulo au Brésil.
« L’urbanisation est si intense qu’elle a brouillé les cartes, explique Michel Lussault, géographe au Conseil national français de la recherche scientifique (CNRS). On ne sait plus où commencent et où finissent des villes comme Mexico, Tokyo ou Shanghai, qui aujourd’hui n’ont plus rien à voir avec la cité d’origine… »
Le géographe François Moriconi-Ebrard et ses collègues du CNRS ont mis au point une méthode de calcul universelle, applicable à toutes les villes de la planète, basée sur les images satellites pour estimer le nombre d'habitants. Cette méthode a hissé Shanghai à la première place.
C’est du côté de l’Asie et de l’Afrique qu’il faut surveiller l'émergence des nouvelles mégacités. « La Chine est le pays le plus peuplé au monde, il faut s’attendre à ce qu’elle ait des mégacités en proportion de sa population », prédit Denise Pumain, géographe au laboratoire Géographie-cités.
« L’Inde et l’Afrique devraient être les prochaines zones d’explosion urbaine », poursuit Francois Moriconi-Ebrard. Déjà au rang de mégacités, Lagos (Nigéria) et Le Caire (Égypte) vont continuer de grossir, tandis que des villes comme Kinshasa (République démocratique du Congo) ou Onitsha (Nigeria) pourraient rapidement passer la barre des 10 millions… « C’est aussi le cas d’Addis-Abeba, en Éthiopie, qui explose littéralement sous l’effet des investissements chinois », précise le géographe.
Dans les pays les plus pauvres, les conditions de vie sont nettement meilleures dans les grandes villes que dans les campagnes, affirme Denise Pumain. Les installations sanitaires sont meilleures, on compte moins de mortalité infantile. La qualification des populations tend à augmenter avec la taille des villes.
Plus préoccupants sont l’amplification des inégalités sociales et l’accroissement des tensions qu’elles engendrent au sein des villes. Un phénomène qui se traduit aussi spatialement, avec une séparation toujours plus marquée entre quartiers riches et quartiers pauvres. La multiplication des « gated communities », ces quartiers aisés complètement fermés au reste de la ville, en est l’expression la plus forte.
Les transports et les pollutions engendrées par les embouteillages quotidiens – dans des villes comme Pékin, Shanghai ou encore Mexico, les émissions sont telles que le ciel est désormais constamment laiteux – sont devenus la préoccupation numéro un des géantes urbaines.
Autre défi majeur : celui du réchauffement climatique, particulièrement prégnant dans les mégacités avec le phénomène des « îlots de chaleur ». Dans une ville comme Paris, par exemple, il fait en moyenne 2 °C de plus qu’en banlieue, mais ce différentiel peut monter jusqu’à 5 °C en cas de canicule… »
Les agglomérations urbaines de plus de 10 millions d’habitants (2010). F. Moriconi-Ebrard/Geopolis database, 2017.
Photo : Shanghai.
Psychomédia avec sources : CNRS, Le Journal, ONU.
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