Depuis le début de l'été, associations et syndicats se mobilisent contre le fichier Edvige (pour Exploitation documentaire et valorisation de l'information générale).

Après de dépôt vendredi dernier d'un recours au Conseil d'Etat contre la création du fichier par douze associations et organisations syndicales, dont la Ligue des Droits de l'Homme, la CGT, la CFDT et le Collectif contre l'Homophobie (1), l'Union syndicale des magistrats (USM, majoritaire) vient à son tour de déposer un recours lundi.
Créé par un simple décret le 27 juin, ce fichier géré par la direction centrale de la sécurité publique ratisse large : il concerne à la fois les personnes "ayant sollicité, exercé ou exerçant un mandat politique, syndical ou économique ou qui jouent un rôle institutionnel, économique, social ou religieux significatif" et les individus (dès l'âge de 13 ans) ou les organisations "susceptibles de porter atteinte à l'ordre public".

Une pétition, circulant sur Internet réunit, à ce jour, plus de 110.000 signatures et 700 organisations aussi diverses que des syndicats tels que la CFDT, l'association Aides, la Fédération des conseils de parents d'élèves (FCPE) et l'Union nationale des associations familiales (UNAF).

"Ce fichage met en cause toutes les personnes qui sont investies pour défendre des idées, des droits, des personnes", affirme l'Association des paralysés de France.

"Comment continuer à défendre des locataires menacés d'expulsion en s'opposant à la force publique, à manifester pour le droit au logement, alors que planera sur les militants la menace d'un fichage systématique ?", demande la Confédération nationale du logement.

Les mineurs pourront en outre être fichés dès 13 ans. "C'est extrêmement choquant, estime Jean-Claude Vitran, de la Ligue des droits de l'homme. Il suffira qu'ils aient fréquenté un copain dans une bande pour figurer sur Edvige, même s'ils n'ont pas commis d'infraction, même s'ils n'ont pas été condamnés par la justice."

Le nouveau fichier, qui pourra être consulté par les fonctionnaires chargés du renseignement et les policiers ou gendarmes qui auront obtenu le feu vert de leur hiérarchie, contiendra des données sur les origines raciales ou ethniques, les opinions politiques, philosophiques ou religieuses, l'appartenance syndicale, la santé ou la vie sexuelle.

"Je ne vois pas en quoi l'homosexualité ou la séropositivité constituent un danger pour l'ordre public, proteste le président d'Aides, Bruno Spire. Ce fichier menace le secret médical, alors que nous rencontrons tous les jours des personnes qui ont perdu leur travail ou leur assurance en raison de leur séropositivité."

Selon Hélène Franco, secrétaire générale du Syndicat de la magistrature, interrogée par Libération, " (...) contrairement au décret de 1991, le nouveau fichier Edvige pourra être consulté dans le cadre des enquêtes administratives. Prenons un exemple: vous participez à un mouvement lycéen (vous êtes donc fiché) et quelques années plus tard, vous vous présentez à un concours de la fonction publique. Et bien, le jury disposera d’une multitude de données collectées à votre sujet: déplacements, fréquentations, informations fiscales et patrimoniales voire vos tendances sexuelles et votre dossier de santé."

(1) AIDES, la CFDT, la CGT, le Collectif contre l’Homophobie et pour l’égalité des droits, la Fédération nationale de l’Autre Cercle , la FSU, l’Inter-LGBT, IRIS, la Ligue des Droits de l’Homme, le Syndicat des Avocats de France, le Syndicat de la Magistrature, l’Union Syndicale Solidaires,

PsychoMédia avec sources:
Europe 1
Le Monde
Libération