Consommer trop de sel n'est pas seulement mauvais pour la tension artérielle et le système cardiovasculaire, mais peut aussi avoir un impact négatif sur le système immunitaire.
L'excès de sel affaiblit la production d'énergie dans des cellules qui ont pour fonction de réguler les réponses du système immunitaire afin d'empêcher qu'elles deviennent excessives, selon une étude publiée en février 2023 dans la revue Cell Metabolism.
Le sel affecte le système immunitaire inné
Des études précédentes menées par la même équipe de recherche ont montré qu'un excès de sel dans l'alimentation peut avoir des effets négatifs sur le métabolisme et l'équilibre énergétique de certains types de cellules immunitaires innées, les monocytes et les macrophages, et les empêcher de fonctionner correctement. Ils ont également montré que le sel déclenche des dysfonctionnements dans les mitochondries, les « centrales électriques » des cellules.
L'impact du sel sur le système immunitaire adaptatif
Inspirés par ces résultats, Dominik Müller et Markus Kleinewietfeld, respectivement du Max Delbrück Center (Allemagne) et de la Hasselt University (Belgique), et leurs collègues se sont demandés si une consommation excessive de sel pouvait créer un problème similaire dans les cellules immunitaires adaptatives comme les cellules T régulatrices (ou lymphocytes T régulateurs) (Tregs).
Ces cellules sont responsables du maintien de l'équilibre entre la fonction normale du système immunitaire et l'inflammation excessive. Les Tregs sont parfois qualifiés de « police du système immunitaire » car ils tiennent à distance les indésirables, comme les cellules immunitaires autoréactives (qui s'attaquent à l'organisme lui-même), et veillent à ce que les réponses immunitaires se déroulent de manière contrôlée sans nuire à l'organisme.
Les scientifiques pensent que la dérégulation des Tregs est liée au développement de maladies auto-immunes comme la sclérose en plaques. Des recherches récentes ont identifié des problèmes dans la fonction mitochondriale des Tregs de patients atteints d'auto-immunité, mais les facteurs qui y contribuent restent inconnu.
Des recherches précédentes ont également montré que l'excès de sel pouvait avoir un impact sur la fonction des Tregs en induisant un phénotype de type auto-immun, c'est-à-dire en induisant des changements dans ces cellules semblables à ceux impliqués dans les maladies auto-immunes. Cependant, la manière exacte dont le sodium altère la fonction Treg n'avait pas encore été découverte.
Le sel interfère avec la fonction mitochondriale des Tregs
La nouvelle étude montre que le sodium perturbe la fonction des Tregs en modifiant le métabolisme cellulaire par une interférence avec la production d'énergie mitochondriale. Ce problème mitochondrial semble être l'étape initiale de la manière dont le sel modifie la fonction des Tregs, entraînant des changements dans l'expression des gènes qui présentent des similitudes avec ceux des Tregs dysfonctionnels dans les maladies auto-immunes.
Même une perturbation à court terme de la fonction mitochondriale a des conséquences durables sur la capacité de régulation immunitaire des Tregs dans divers modèles expérimentaux.
« Étant donné que les Tregs jouent également un rôle dans des maladies telles que le cancer ou les maladies cardiovasculaires, l'exploration plus approfondie de ces effets déclenchés par le sodium pourrait offrir de nouvelles stratégies pour modifier la fonction des Tregs dans différents types de maladies
». « Mais de futures études sont nécessaires pour comprendre les mécanismes moléculaires de manière plus détaillée et pour clarifier leur relation potentielle avec la maladie.
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(1) Beatriz F. Côrte-Real, Ibrahim Hamad, Rebeca Arroyo Hornero, Sabrina Geisberger, Joris Roels, Lauren Van Zeebroeck, Aleksandra Dyczko, Marike W. van Gisbergen, Henry Kurniawan, Allon Wagner, Nir Yosef, Susanne N.Y. Weiss, Klaus G. Schmetterer, Agnes Schröder, Luka Krampert, Stefanie Haase, Hendrik Bartolomaeus, Niels Hellings, Yvan Saeys, Ludwig J. Dubois, Dirk Brenner, Stefan Kempa, David A. Hafler, Johannes Stegbauer, Ralf A. Linker, Jonathan Jantsch, Dominik N. Müller, Markus Kleinewietfeld.
Psychomédia avec sources : Cell Metabolism, Max Delbrück Center.
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